Deuxième nettoyage de l'Aconcagua
Message du 9.12.2006:
je suis bien arrivé hier soir à Mendoza (8 décembre), ville dans laquelle j’organise la logistique, j’achète le permis d’ascension et la nourriture qu’il me manque. Le trajet en train, bus, avion, taxi et tout ce qui suit, s’est très bien passé. Vraiment aucun problème avec les bagages, des chariots où j’en avais besoin, et des gens pour m’aider de temps en temps… et le meilleur fut dans l’avion entre Sao Paulo (Brésil) et Santiago (Chili), où nous avons survole l’Aconcagua… c’était magnifique de voir cette montagne d’en haut, juste en dessous des ailes de l’avion… elle est superbe. ( bien évidemment j’ai pris des photos et réalisé des vidéos pour vous montrer tout ça a mon retour).
Je pars pour l’Aconcagua lundi matin
Message du 15.12.2006: Bonjour,
je suis arrive au camp de base (4300m) hier en fin d’après midi après 9h de marche dans des conditions très difficiles. Mais revenons un peu en arrière: lundi, j’ai pris un bus de mendoza pour l’aconcagua. Le temps était magnifique, et le voyage sympathique. le lendemain, je suis parti pour conflucencia, 3300m, le premier camp dans la vallée d’approche. le lendemain, je suis parti voir la face sud de l’aconcagua, pour m’acclimater a 4200m. il faisait froid, le vent était violent, j’avais froid…mais tout va bien, je me sentais bien.
le lendemain matin, je suis parti pour le camp de base vers 9h du matin, le soleil brillait, mais le vent était froid et pleine figure: c’est pas génial dans ces conditions pendant 9h de marche. les 2 dernières heures furent horrible, je toussais comme jamais, je n’avançais plus, mon corps était exténué, et je m’arrêtais tous les 10 mètres: c’était vraiment douloureux. du jamais vu. en arrivant au camp de base, je suis allé voir le docteur, et au bout de 15 minutes d’inspection: il me dit que j’ai une BRONCHITE. et oui mauvaise nouvelle. Le docteur était même surpris de me voir au camp de base, il m’a dit que mon corps devait être très résistant…. bref, je ressors de la cabane avec des antibiotiques et trois jours de repos au camp de base obligatoire. dans trois jours, je dois retourner le voir pour prendre une décision…. envoyez moi de la chaleur et de l’énergie s’il vous plait…
je me couvre bien, je bois du thé, et je me repose beaucoup. Ça va déjà mieux aujourd’hui, alors il faut que ça continue… Le médecin ne m’a pas renvoyé dans la vallée parce qu’il croit en mon projet et veut me soutenir…normalement, j’aurai été évacué du camp de base. il ne m’aurait pas donne d’antibiotiques… bref, il faut que ça fonctionne.
Demain, samedi, je vais essayer de m’acclimater a 5000m, très doucement et calmement. après je commencerai a monter l’aconcagua pour y installer mon équipement et étudier la situation des déchets… Mon projet est accueilli a bras ouvert ici, par tout le monde. Les gardes du parc n’arrêtent pas de me remercier et de m’encourager. La motivation est au maximum. je vous donnerai des nouvelles dans 5 ou 6 jours. Portez vous bien. Amicalement, le balayeur des cimes qui vous salue du camp de base de l’Aconcagua a 4300m.
Message du 19.12.2006
Aujourd´hui, le temps est magnifique. Le soleil brille, le ciel est bleu, une petite breeze me rafraichit, et je viens d´aller voir le médecin, qui me dit que « les chiffres » sont bons. De plus, je me sens en forme ce matin, je n´ai aucune douleur de tête, et je ne tousse pas… donc je pense pouvoir remonter demain a 5300m (camp 1) pour y dormir et m´y acclimater. Aujourd´hui est donc une journée repos au camp de base… apres 2 jours de grimpe. Mais revenons deux jours en arriere :
Dimanche : je suis parti le matin pour m´acclimater sur le « cerro bonete », un sommet voisin du camp de base culminant a 5000m. Au bout de 2h de grimpe, le vent froid a commencé a souffler, et je n´arrivais pas a me protéger. Avec ma bronchite, ce n´etait pas idéal, ni tres bien venu. Je sentais le froid pénetrer mon torse, et je recommencais a tousser sec… tres désagreable et tres dangereux pour mon projet de nettoyage (bronchite qui s´aggrave signifie évacuation). J´ai donc décidé de redescendre vers le camp de base pour me mettre dans mon sac de couchage au chaud. Ce que j´ai fait ! L´apres midi, je me suis occupé de ma tente d´altitude, c´est a dire tout simplement renforcer les ancrages avec des cordes pour faire face aux vents d´altitudes, en accrochant la tente a des grosses pierres. Rex, un ami australien, m´a aidé dans cette tache. L´ambiance était tres relax et amicale. On (Rex et moi) décide le lendemain de monter ensemble au camp 1 (5300m), lui pour y dormir, moi pour faire un portage, c´est a dire ammener du matériel en altitude (nourriture, gaz, tente, sacs de nettoyage) et redescendre, et permettre a mon corps de s´acclimater en meme temps. Le soir, je prépara mon sac… 28kg. Cette nuit la, je ne dormis presque pas (3h).
Lundi : Réveil vers 7h pour me préparer (pull en polaire, coupe vent, veste gore tex, colant, pantalon coupe vent, chaussettes, bottes d´altitude, bonnet, lunettes, creme solaire… il ne faut rien oublier ! un petit oubli devient tres désagreable en altitude, surtout lorsque l´on part pour une journée de 10h ! ), boire une tasse de thé, enfiler le sac sur les epaules, et c´est parti… il est 8h36. Il fait froid, le vent souffle constamment, et par rafales de temps en temps qui nous obligent a nous arreter, nous courber en avant et combattre la rafale pendant quelques secondes… plusieurs fois, on se fait prendre par surprise, et nous manquons de nous faire éjecter ! Au bout de 2h, nous arrivons a 4900m, ou nous nous reposons, nous buvons et nous mangeons une barre énergetique. 10 minutes plus tard nous repartons dans le froid. Le sac commence sérieusement a peser sur les epaules.
Les rafales de vent glacial me gelent les mains. Je m´arrete pour enfiler mes gants en duvet… super la journée de portage ! Rex et moi, nous battons avec le vent de face, ce qui ralentit considerablement notre progression… mais nous en rigolons ! Et oui, nous en rigolons !!! Voici une des belles choses de l´alpinisme a plusieurs, c´est de rigoler des moments difficiles, et de la misere dans laquelle nous sommes… imaginez vous deux garcons de 23 ans, fatigués, un peu fou et aimant la vie, essayer de parler avec le visage completement gelé a 5000m d´altitude ! ca donne envie, n´est ce pas? Bref, nous rigolons de la situation… mais nous restons émerveillés de la beauté du lieu et de la chance que nous avons d´être ici. L´ascension progresse lentement, et bientot le vent se calme un peu vers 5100m. Moi je recommence a tousser et a m´arreter plus souvent que Rex, qui s´éloigne petit a petit jusqu´a ne plus le voir. Bref, je ne suis pas en forme, les antibiotiques et ma bronchite m´ont certainement affaibli. Il me faudra 6h au total pour rejoindre le camp 1 (en janvier, il m´avait fallu 3h30 !!!).Il est 14h10, je suis completement déshydraté. Pour ne pas enlever mon sac de mes epaules, je n´ai pas bu depuis environ 3h. Bref, je rejoins Rex au camp 1 qui lui aussi a mal a la tête, et fait les choses lentement. Nous montons nos tentes dans le vent, on va chercher des pierres aux alentours pour y accrocher nos tentes… tout cela se fait lentement ! On n´a qu´une seule envie, c´est de s´éffondrer a l´interieur dans nos sacs de couchage.
Vers 15h30, ma tente est montée, mon matériel est a l´interieur… il est temps pour moi de redescendre. J´essage de manger une barre énergetique, ca ne passe pas. Je bois quelques gorgées d´eau glaciale, je salue Rex (qui reste en altitude), et je commence ma descente. En 2h, je suis redescendu au camp de base. Oui aussi peu de temps, car c´est de la pierraille poussiereuse qui permet de faire de grandes enjambées et des glissades.
En arrivant au camp de base, 4300m, je m´endors dans ma tente dans mon sac de couchage. Je me reveillerai 3h plus tard pour manger, et retourner dormir. Comme d´habitude, je ne dormirai pas entre 2h et 6h du matin…
Parlons un peu des déchets : aussi incroyable que cela puisse paraitre, vers 4800m sur des rochers, il y a une écriture ou tag ( « polen ») faite a la bombe aerosol. Incroyable ! Les « gardes parc » et les guides de l´Aconcagua sont outrés de cet afront et manque de respect pour la montagne. Vraisemblablement elle serait apparu en mars. Connaissant mon projet, ils m´ont même demandé ce que je pouvais faire pour nettoyer cela… a part gratter, on ne peut rien faire. C´est triste. Le camp 1 contient plus de déchets plastiques qu´en janvier. Mais les gens ont quand même la bonne idée de les « cacher » ou placer sous des pierres pour qu´ils ne s´envolent pas ???? Il va falloir que je me ballade sur cette grande étendue (5 terrains de football) et aille regarder sous les tas de pierres si des déchets ne s´y trouvent pas.
Concernant le probleme des toilettes sauvages, c´est pas génial non plus. Rex et moi avons nettoyé notre emplacement de tente a l´aide d´une pelle… Encore une fois, les gens font leurs besoins et mettent une pierre dessus… ou meme laisse cela comme cela ! Je ne comprends toujours pas : en entrant dans le parc, tous les grimpeurs ou trekkers signent un contrat qui stipule de ne pas laisser de déchets derriere, et d´utiliser le sac plastique fourni pour les toilettes en altitude. Pour moi, c´est de l´hypocrisie, du mensonge et un enorme manque de respect pour la montagne et pour les autres grimpeurs… Il y a bien une amende de 100 dollars, mais il n´y a pas de « gardes parc » pour controler. C´est un cercle vicieux et surtout tres triste. En gros, je vais avoir du travail… cependant une bonne nouvelle quand même : l´hélicoptere peut monter a 5300m, et les rangers m´ont dit que je pouvais leur demander de l´aide si besoin… ce que je vais faire ! Je n´aurai a redescendre les dechets que de 6000m a 5300m, faire un gros tas et demander a l´helico de tout emporter.
Voila pour les quelques nouvelles. Cést quand meme incroyable de pouvoir envoyer un email via satellite a cette altitude ci… d´accord je me ruine, mais cela vaut certainement le coup pour garder l´attention des eleves qui suivent le projet, et ainsi vehiculer le message.
Si je dors bien ce soir et me sens bien demain matin en me levant, je vais remonter au camp 1 pour essayer d´y dormir, et ensuite monter plus haut sur la montagne pour m´acclimater. Je redescendrai dans 6 jours environ. D´ici la portez vous bien, et prendez soin de l´environnement. Les petits gestes comptent… Gardez en tête que mes petits pas, me font gravir une montagne de presque 7000m. Quand je suis sur la montagne, c´est un pas apres l´autre, pour l´environnement, c´est pareil.
A dans 6 jours environ. Arian, le balayeur des cimes.
Le 24 : journée repos au camp1, Nido de condores. Au départ, je pensais nettoyer Nido, mais, toute la journée, le vent était trop violent et les températures étaient glaciales (– 12 dans la tente, dehors c´est pire). Je n´ai émergé de mon sac de couchage que vers midi ! De ma tente, j´entendais le vent hurlé en altitude, et je voyais les nuages déffilés a une vitesse folle ! Bref, la journée a été calme ! Il faut dire que je n´avais pas dormi de la nuit a cause du vent et des cristaux de glace qui me tombaient sur le visage… Le 25 : Encore une nuit avec peu de sommeil, mais pas de cristaux cette fois-ci. Je pense avoir trouvé la solution : laisser l´aération ouverte au niveau du plafond de la tente ! Il fait plus froid, mais pas de condensation !
13h10 : premiere journée de « chaleur » a 5300m, il fait 12 degres dans la tente, c´est tres agréable, le soleil brille, le vent est faible… Ca fait du bien de ne pas avoir froid et les mains gelées. Je commence le nettoyage de Nido. C´est un vaste endroit ondulé de la taille de 4 terrains de football avec des pierres volcaniques parsemées ici et la. Je me ballade avec mon sac et ramasse des déchets ici et la, et de temps en temps, je m´arrete un peu plus longuement car les déchets sont cachés sous des pierres. Je remplis mon premier sac en 1h, le deuxieme une heure plus tard ! Et voila encore environ 35kg de déchets de nettoyer. Je rassemble tous les sacs a un endroit, l´hélico viendra les prendre quand le temps le permettra, et surtout lorsque j´aurai fini mon nettoyage ! Ce fut une bonne journée, tout le monde se disait « joyeux Noel ». C´était unique un Noel a 5300m ! Merrick pense partir pour le sommet demain, je partirai avec lui pour nettoyer le sommet et un endroit appelé « Independencia » a 6400m.
Le 26 : réveil…euh pas de réveil, je n´ai absolument pas fermé l´oeil de la nuit. J´ai regardé le plafond de ma tente, l´intérieur de mon sac de couchage, je regarde le thermometre (– 12)… bref, j´observe autour de moi !
Le départ est prévu pour 3h du matin. Comment le temps ne passe pas vite, je décide de cuisiner vers 1h du mat un hachis parmentier ! Vers 2h, je me remets a cuisiner, ou plutot a faire bouillir de l´eau que j´avais préparé la veille et que je tenais dans mon sac de couchage. Je veux partir avec de l´eau chaude pour qu´elle ne gele pas pendant la montée.
Maladroitement dans ma petite tente et avec un peu de mal chance, je renverse la casserole et le réchaud. Le réchaud s´enflamme avec des flammes de 30cm, inextremis, je le rattrape, souffle brusquement dessus pour limiter les flammes et ferme la valve d´arrivée de gaz. C´était juste ! Je me demande quel gout j´aurai eu CRAM? ????? Serieusement, ce n´est pas drole, mais c´etait juste ! Le précieus litre et demi d´eau inonde le bout de ma tente. Par de petits gestes, j´arrive a déverser un peu d´eau dehors, le reste gele en quelques minutes formant une tres belle flaque glissante dans ma tente ! Magnifique ! Ca commence bien !
Cette petite anecdote passée, je me mets au travail et fais fondre de la neige, j´aurai besoin d´eau pour la grimpe ! Vers 3h30, Merrick et moi partons dans la nuit glaciale a la lumiere de nos lampes frontales. Le vent souffle constamment, et nous glace le visage ! Je me sens bien physiquement, sauf une toue seche peu frequente (que j´ai depuis plusieurs jours). Une heure plus tard, nous sommes a Berlin (5900m). Tout va bien, on s´hydrate, et on repart. Plus on avance, et plus ma toue devient réguliere et intense… avec une nouveauté : des nausées (début de vomissements)… pas super comme sensation a 6000m. 6h du matin, a présent des que je prends de grandes respirations, je tousse serieusement et j´ai des nausées ! la situation empire. Pourtant je me sens fort physiquement, je grimpe bien et constant, mais je tousse, tousse et retousse. Vers 6500m, il y a une longue traversée tres exposée ou le vent souffle fort. Il faut environ 1h30 pour faire cette traversée. Au bout de 10 minutes, je m´arrete et réflechis tres sérieusement a ce que je fais. Le vent souffle fort, il est glacial, et ma toue est tres sérieuse maintenant avec des nausées tres sérieuses. Je reste toujours tres attentif a ce que me dit mon corps en altitude : c´est une regle d´or pour moi. Je suis seul maitre de mes actions, et responsable de mon corps ! Je n´ai pas le droit a l´erreur !
Merrick me propose de me reposer un peu, et ensuite de repartir ! je ne suis pas fatigué (malgré mes nuits blanches a répétition), je tousse comme jamais, et j´ai des nausées sérieuses. Vous savez ce que signifie ces signes (toue et nausées) : signe d´oedeme pulmonaire. C´est serieux, vraiment dangereux et mortel ! Je ne me sens pas a l´aise et en confiance maintenant. Je ne veux pas risquer ma vie pour ce projet, je décide de redescendre. Merrick continua jusqu´au sommet !
Pendant ma descente, je me sentais toujours fort physiquement, mais j´ai ecoute mon corps qui me disait de ne pas continuer. Au bout de 3 min de descente, je m´effrondre en pleure car je pense avoir un oedeme pulmonaire et que mon projet tombe a l´eau, je devrais etre évacué d´urgence en arrivant au camp de base. Tous mes efforts, mes joies, mes déceptions…bref tout tombe a l´eau. Je suis effondré, mes larmes gelent sur mon visage, mais je continue de pleurer, tout seul au milieu de ce paysage glaciale et lunaire. Pendant ce moment d´énorme tristesse, je reprends un peu d´optimisme en regardant le soleil qui se leve et le paysage qui s´offre a moi… C´est pour cela que je me bats, la beauté magistrale de la nature. Tout en arretant de pleurer, une énergie se développe en moi, et me dit que mon message est quand meme passé, et qu´en redescendant vivant, j´aurai d´autres occasions de faire passer le message ! Je me leve et commence la longue descente vers ma tente, 1000m de denivelé a 6000m d´altitude, autant vous dire que c´est extremement difficile. Des larmes recommencent a couler le long de mon visage… je poursuis ma descente, la toue est toujours aussi intense, les nausées empirent sérieusement maintenant. Toutes les 5 minutes, je me plis sur moi meme, jusqu´a avoir des crampes d´estomac…un peu comme des convulsions ! je ne vomis toujours pas, mais c´est tout comme ! 2 h plus tard, j´arrive a ma tente, plié en deux. La situation est vraiment critique ! Martin (hollandais) me donne a boire, et me dit de tout laisser en plan ici et de redescendre le plus rapidement ! Il veut venir avec moi ! Je lui dis « non » car physiquement je suis toujours assez fort pour redescendre au camp de base ! Je lui répete plusieurs fois que je peux descendre jusqu´au camp de base 1000m plus bas. J´ai dit non a Martin car lui était déja tres faible et devais se reposer ! Martin va chercher un guide de montagne, qui colla son oreille sur mon dos pour ecouter ma respiration et savoir si j´ai un oedeme pulmonaire. Il me demande de prendre une grande respiration, je tousse frénetiquement, avant de me plier sur moi meme avec des convulsions de vomissement… Il m´urge de redescendre en vitesse pour voir les médecins au camp de base ! Ni une ni deux, je reprends mes batons, et je descends en fleche au camp de base ! Physiquement, je commence a encaisser le coup, je m´arrete plus souvent. Ma respiration est toujours aussi courte pour eviter la toue et ensuite les nausées. Chaque respiration doit etre de l´ordre de celle d´un moineau ! 1h30 plus tard, vers 11h, me voila au camp de base chez les médecins, 2000m plus bas. Pendant toute ma descente, je n´ai enlevé aucune de mes couches de vetements, ici au camp de base, je transpire comme jamais… Le médecin m´osculte, écoute ma respiration, prend ma tension, et fait d´autres tests. Je tousse toujours aussi sec, il me demande de me forcer a boire…. Au final, il regarde le fond de ma gorge, regarde encore une fois, et en conclu que j´ai une angine carrabinée. L´air froid que je respirais en altitude a empirer ma bronchite. La situation se stabilise doucement…OUFFF !!! Ce n´est pas un oedeme pulmonaire, mais une enorme angine qui en altitude devient tres critique ! Le médecin me connaissant et connaissant mon projet m´offre des antibiotiques ! Et oui encore des antibiotiques et 4 jours au camp de base avec un tissu sur la bouche pour ne pas respirer de l´air froid ! Je ne serais pas évacuer du camp de base, ma situation peut s´améliorer avec du repos et des antibios ! je n´aurai jamais autant pris d´antibiotiques…mais encore une fois c´est un traitement de faveur pour que je puisse accomplir mon projet. Une autre personne aurait été renvoyée dans la vallée.
Voila un peu comment s´est passée ma journée d´hier. Je m´effondre dans ma tente, et dors 30 minutes. Je me réveille en sursaut car un gros probleme se présente a moi maintenant : je n´ai pas mon sac de couchage ! Mince, mince mince !! Il faut que je trouve quelqu´un qui monte a 5300m et qui redescend au camp de base ! Il est 12h30, ce genre de trajet se fait en partant tot le matin puisque cela demande en général 8h au total ! Bref, la journée n´est pas finie. Je demande un peu partout si personne ne remonte, réponse négative a chaque fois !
Il faut que je fasse quelque chose, je ne peux pas passer une nuit a 4300m sans sac de couchage… je décide de remonter chercher mon sac de couchage. Il me faut environ 4h pour aller a ma tente, et 1h30 pour redescendre… c´est jouable. Mais ma toue ne va pas aimer cela, mon angine encore moins… mais je me dis que je recupérerai dans les prochains jours. Je commence a grimper vers ma tente, au bout d´une heure, je tousse horriblement. Je ne peux pas continuer, je dois trouver une autre solution. Je redescends au camp de base. En arrivant a ma tente, j´entends deux personnes discuter, et l´une de dire « ok, je vais au camp Canada » (4900m, camp intermédiaire entre le camp de base et « Nido » ou se trouve ma tente ), c´est un porteur qui va ammener du matériel pour une expédition a ce camp intermédiaire. Je sors de ma tente et vais discuter avec ce porteur de mon « besoin ». Il est d´accord pour aller chercher mon sac de couchage… mais bien évidemment il faut payer ! Normalement cela coute 150 euro, mais comme il fait déja la moitié pour une autre expédition et que pour moi, c´est juste redescendre un sac de couchage de 2kg, il accepte la moitié ! Et voila, je paye 75 euro pour que ce porteur me ramene mon sac de couchage. Je lui explique ou se trouve ma tente, et le voila parti ! 7 heures plus tard, le voila avec mon sac de couchage !!!!
Le soir, je me suis couché au chaud dans mon sac de couchage au camp de base apres une énorme journée. Dans ma tente, je reprends confiance et détermination pour mon projet, les choses vont s´améliorer doucement..il faut juste etre patient au camp de base pendant 4 ou 5 jours et bien me couvrir et prendre soin de mon corps pour pouvoir continuer cette aventure… cette nuit la, je dormirai 10h !
Aujourd´hui, me voici a vous écrire ce message, le moral va mieux, la toue pas vraiment, mais je n´ai plus de nausées et le soleil brille au camp de base ! Les prochains jours se passeront au camp de base a me reposer, prendre mes antibiotiques, a réaliser des interviews sur le theme des déchets et tout simplement a me « requinquer » pour la suite du nettoyage de l´Aconcagua.
Aujourd´hui, je vais mieux, je me sens déterminé, et j´ai toujours l´appui des gens au camp de base, et je sais que j´ai toujours votre appui…donc tout va bien ! Le balayeur des cimes se porte plutot bien, meme avec une angine, vous salue et vous souhaite une tres belle journée sur notre belle planete.
Message du 23.12.2006:
Le 21 : la nuit a été froide ( – 14 degres). Mon eau a gelé, la condensation dans la tente a gelé sur les parois, ce qui fait qu´a chaque rafale de vent, des petits cristaux de glace me tombaient dessus…plutot sympa comme nuit et a cela il faut rajouter les maux de tete a cause de l´altitude. Mais tout va bien, je me sens bien et les maux de tete s´apaisent petit a petit. Je dois boire beaucoup pour bien m´acclimater (5 litres par jour). Ce matin, Rex est parti pour le sommet… j´attends son retour dans l´apres midi. Il vient d´arriver, tout va bien, il est heureux, son projet de gravir les 7 sommets plus haut de chaque continent vient de s´achever !
Ce soir, le couché de soleil est magnifique, les couleurs virent au rouge-orange. J´apercois meme un oiseau qui passent juste au dessus de moi. C´est magnifique ! La nuit sera longue, et je dormirai tres peu encore une fois, toujours ces cristaux de glace qui me tombent dessus des que le vent fait trembler la tente.
Le 22 : 8h30, je sors de mon duvet pour aller faire pipi. Il fait un froid glacial, aussitot finit, je retourne dans mon sac de couchage. Vers 10h, Rex émerge, on commence une petite discussion de tente a tente, c´est toujours aussi sympa ! En regardant le sommet, j´apercois un lenticulaire de vent, le temps n´est pas génial la-haut ! La matinée se passe paisiblement dans mon sac de couchage, a faire fondre la neige et a regarder Rex faire son sac et « plier camp ». Il ne veut pas partir, l´ambiance est tellement géniale…. meme si froide et ventée!
Deux nouveaux voisins viennent d´arriver : Martin (Hollandais) et Merrick (Australien), tres sympas tous les deux. Vers 14h20, Merrick et Martin et moi, décidons de partir nous acclimater vers 5900m, au camp 2 ou camp Berlin. La montée se fait tres bien en une heure, il fait froid mais le soleil brille. En chemin, nous decouvrons encore des graffitis… c´est pas croyable.
En arrivant a Berlin, c´est la tristesse et le dégout total, des sacs de déchets abandonnés et des déchets ici et la : piles, bouteilles plastiques, sac de thé, emballages de nourriture, sacs plastiques, contenaires en tout genre… et bien evidemment des toilettes sauvages ! Le tableau n´est pas beau. Merrick et Martin sont tres étonnés de ce qu´ils voient. Une heure plus tard, nous redescendons a nos tentes. En ce moment meme, je fais fondre de la neige, 3 litres en une heure et 20 minutes… pas mal, non ? Demain, nous decidons de remonter a Berlin, moi je nettoie et mets en sac, et nous redescenderons un sac de déchets chacun ! Mon projet fait des adeptes, il faut juste montrer l´exemple ! Pour résumé la journée, je me sens bien physiquement et la motivation est la aussi ! Tout va bien ! Ce soir, une chienne « sauvage » est arrivée au camp1 (5300m). C´est incroyable qu´elle soit venue jusqu´ici en suivant des grimpeurs. Elle n´est pas grosse du tout, elle boite un peu, mais elle est la ! Il fait froid ce soir avec beaucoup de vent, donc je construis un abri de pierre pour la protéger du vent violent. Rex m´avait laissé de la viande que j´ai donné a cette pauvre chienne. Je me dis qu´elle aura plus de forces pour passer la nuit glaciale. J´ai pensé a elle toute la nuit. Ce matin, elle semblait aller bien, et ensuite elle a disparu…certainement redescendue !
Le 23 : le vent a soufflé toute la nuit par rafales plus fortes les unes que les autres. J´ai encore une fois dormi tres peu. J´ai émergé de mon sac de couchage vers 9h15. J´ai attendu que le soleil rechauffe ma tente pour commencer a sortir les bras de mon duvet. Quand on a le temps, autant en profiter…non ? Le vent souffle toujours, le sommet est toujours couvert d´un énorme lenticulaire de vent et de nuages. Vers 12h, je pars pour Berlin (5900m) pour mon premier jour de nettoyage ! A certains endroits, c´est un petit amas de déchets ; a d´autres, juste quelques papiers et bouteilles plastiques. En un quart d´heure, mon premier sac est rempli. 20 minutes plus tard, le second, et 30 minutes plus tard le troisieme ! En un peu plus d´une heure, j´ai regroupé environ 60kg de déchets pour un volume de 300 litres ! Je n´ai pas pu prendre tous les déchets car certains étaient incrustés dans le neige et la glace. Quand je remonterai, je prendrai mon piolet ! Je pense devoir faire encore 3 nettoyages a Berlin. Honda (grimpeur japonais) était venu s´acclimater, et voyant ce que je faisais, il m´a aidé ! C´était sympa de sa part. Quand tout a été terminé, Martin et Merrick sont arrivés, on a chargé les sacs et nous sommes redescendus ! Tout le monde était content de se rendre utile et de participer a nettoyer la montagne. La fin d´apres midi s´est passée tranquillement au chaud dans le sac de couchage, dans lequel je suis en ce moment meme (19h36, – 6 degres). Le temps est couvert, il neige un peu, et le vent souffle de temps en temps !
Message du 27.12.2006:
Cela fait quelques jours que je n´ai pas pu vous écrire car j´étais en altitude (entre 5300 et 6500m). Voici enfin quelques nouvelles anciennes et fraiches :
Le 19 fut une journée repos au camp de base et préparation de mon sac pour remonter en altitude le lendemain. La journée fut ventée, mais ensoleillée. Elle se passa tranquillement.
Le 20 : j´ai encore une fois mal dormi ! Mais bon, je m´y habitue. Petit déjeuner rapide vers 8h30, et départ vers 8h50 pour le camp 1, 5300m. Le temps est assez stable, un peu de vent glacial de temps en temps, un paysage toujours aussi « lunairement magnifique », et la montée se présente bien. Je me sens tres motivé pour cette grimpe, j´ai le moral au top. Quand il faut y aller, faut y aller ! Je me couvre bien avec mes différents vetements (4 couches différentes pour garder le chaud et protéger du vent). Par contre au bout d´une heure, je me rend compte que je porte un t-shirt « non moulant », ce qui se révele etre une grosse erreur ! De l´air s´infiltre et refroidit mon torse… ce qui est dangereux pour ma bronchite. En marchant, je me disais « j´espere que je ne vais pas le regretter ». Bref, cette situation de froid me fait peur, mais je dois continuer ! L´ascension se fait tres bien, j´ai un bon rythme constant, je retrouve de bonnes sensations…comme en janvier. En 4h, je rejoins ma tente a 5300m, elle m´attend toute belle, et surtout me presente un air de protection et de maison. Que du bonheur ! Je retrouve Rex, on est tout content de se retrouver ! Avant de m´installer dans ma tente, je vais remplir un sac de neige pour produire de l´eau par la suite. Et oui, je n´ai plus d´eau qui coule du glacier, tout simplement plus de robinet. L´eau devient encore plus rare et précieuse qu´avant.
L´ambiance est encore une fois a la rigolade et a la bonne humeur avec Rex. Nos tentes sont a 1m l´une de l´autre. Je m´invite dans sa tente pour déjeuner, il est 14h. Le repas finit, je me glisse dans ma tente et commence le travail de longue haleine pour produire de l´eau et m´hydrater. En parlant de m´hydrater, il faut que je boive un peu ! Mince, j´en renverse sur mon duvet… le nul ! Le vent commence a se lever, il est violent (80km-h), la tente tremble de partout, elle se plie, elle se replie, elle s´agite… mais revient toujours a son état initial. Merci « Mountain Hardwear » pour son equipement de grande qualité. Il fait – 4 degrés dans la tente. De nos tentes respectives, Rex et mois nous parlons, on demande comment ca va, ce que l´on fait ( au fond du sac de couchage au chaud)… bref de la pluie et du beau temps. J´ai mal a la tete, l´altitude se fait sentir… je fais donc tout lentement. J´ai a peu pres rangé ma tente pour que ce soit ma nouvelle maison… au total, je vais quand meme y passer environ 20 jours.
Message du 01.01.2007:
Tout d´abord, tres bonne année a vous tous qui suivez cette aventure environnementale. J´espere que les fetes se sont bien passées, et que vous avez de tres bonnes résolutions pour la belle planete sur laquelle nous vivons… Du camp de base de l´Aconcagua, je vous souhaite de tres bonnes choses pour cette nouvelle année. Cela fait 9 jours que vous étiez dans l´attente de nouvelles du balayeur des cimes… Les voici :
Apres 4 jours de repos au camp de base pour recupérer de mon angine douloureuse, il fallait que je remonte en altitude pour continuer le nettoyage de cette superbe montagne.
Le 30 : 11h, je viens d´avoir une discussion avec les «guardaparque » du camp de base, le chef n´était pas au courant de mon projet, et cela posait meme probleme car je n´avais pas de papier administratif ou officiel stipulant mon droit sur la montagne et mon projet. Manque de communication tout simplement…Bref, j´ai du tout réexpliquer et meme argumenter en faveur de mon projet, mais il m´a quand meme félicité pour mon effort. Il a tout simplement vu beaucoup de personnes vouloir entrer gratuitement et nettoyer l´Aconcagua, sauf que ces personnes la n´avait jamais gravi l´Aconcagua et voulait tout simplement abuser… bref, certaines personnes mal attentionnées rendent les choses plus difficile…et je comprends tout a fait les guardaparque.
La fin de la discussion fut sympathique et tres chaleureuse puisqu´il a compris qui j´etais et le serieux de mon projet. A la fin, il etait meme impressionné. Cependant, mauvaise nouvelle : il ne veut pas faire monter l´hélico a 5300m juste pour des dechets, ce qui signifie que je vais devoir redescendre tous les dechets au camp de base. C´est a dire redescendre certains dechets de 2000m, et d´autres de 1000m… imaginez, j´ai déja rassemblé environ 100kg de déchets…. ca va faire mal au dos et aux jambes !!!!! Ca complique un peu les choses, mais c´est faisable. Il faut juste etre déterminé et motivé.
Le 31 : départ 8h30 pour mon camp 1. Le soleile se leve doucement, le vent est minime, c´est une journée magnfique pour monter en altitude sans se geler les mains… Je suis toujours sous antibiotiques, je vais mieux, mais je ne sens pas toutes mes forces. La montée fut longue (4300m a 5300m) et difficile, je m´arretais tres souvent car mes jambes etaient lourdes, mais lourdes…
Cependant, il ne me fallu que 4h20 pour rejoindre ma tente, ce qui est un temps tout a fait acceptable. Je n´ai pas trop toussé donc la situation est assez bonne. Depuis 3 jours maintenant, les températures sont remontées et le vent a disparu ! C´est que du bonheur l´Aconcagua en ce moment, j´adoreeeeee !!!! En arrivant a ma tente, j´ai eu l´agréable surprise de voir qu´elle était toujours la mais egalement qu´un petit ruisseau coulait autour et en dessus. La neige fond tres vite en ce moment, ce qui fais que cela ruisselle de la pente et ca finit sous ma tente….Genial ! ha ha ha, il vaut mieux en rire qu´en pleurer… En ce moment meme ou j´ecris ces quelques lignes dans mon carnet, j´entends l´eau qui ruisselle a 5 m de ma tente. Bref, je sors tout de la tente, je décroche les ancrages, et je déplace ma tente vers un endroit sec. C´était gadouilleux au possible…. mais tout va bien, la vie est belle !
Je renverse ma tente et la laisse secher ainsi que le reste. J´ai de la chance que cette journée soit chaude, ensoleillée et sans vent. C´est génial ! Pour la premiere fois de ce périple, le camp 1 est viable et agréable. Je ne porte pas de gants, pas de doudoune, pas de masque de ski….bref idéal ! Et pour changer, je vais chercher de la neige et je me mets au travail. Je m´installe dehors assis sur une pierre avec une vue magnifique sur le camp 1 et les sommets environnants ! C´est magnifique !2h30 plus tard, j´ai 5 litres d´eau, je suis heureux ! Maintenant il est 17h30 et je me repose dans ma tente avec le bruit du ruisseau…pas mal la vie, hein ? Ce soir va etre mon premier réveillon a 5300m d´altitude tout seul. Demain, j´irai souhaiter bonne année aux autres grimpeurs !
Le 1-01-2007 : Nouvelle année qui commence, il est 15h50, le soleil brille, le vent est minime, je me promene autour du camp 1 pour ramasser les déchets, et je me repose. Je pense aller au sommet demain. Etant donné que je n´arrive pas a dormir entre minuit et 4h du mat, pour faire passer le temps plus rapidement, autant que j´enfile mes bottes et que je marche vers le sommet…
Message du 03.01.2007:
Le 2-01-2007 : Journée du sommet : départ prévu vers 3h du matin. Je n´arrive pas a dormir, donc vers 1h30, je commence a me préparer et je pars a 2h30. Il fait -15 degres dans ma tente, le vent souffle gentillement, la lune est pleine, le ciel étoilé : c´est magnifique pour partir pour le sommet. Je bois du chocolat chaud, je mange une barre de céréales, je m´habille bien chaud, j´enfille mes chaussures, mes gants en duvet, mon sac, mes batons…et c´est parti !
La nuit glaciale est silencieuse, je n´entends que le bruit de mes pas crispés sur la neige, mes batons et leur bruit métallique et le bruit de ma respiration dans l´oxygene raréfié. C´est assez magique comme moment, tout seul dans la nuit étoilée. A plusieurs reprises, je leve les yeux pour admirer les étoiles et la lune brillante. Ma progression est normale, mais j´ai les jambes lourdes, c´est assez curieux ! Une heure plus tard, je m´arrete au camp berlin (5900m) pour m´hydrater et 5 minutes plus tard, je repars ! Mes jambes sont toujours lourdes…. je me dis que c´est mental comme sensation car j´ai déja parcouru ce chemin il y a une semaine et j´ai tout simplement l´impression qu´il est long et que je n´avance pas ! Pas assez d´oxygene dans mon cerveau je pense… Bref, assez laborieusement, j´arrive au camp Independencia (6400m), la nuit est toujours profonde et le vent s´est levé : un vent qui me gele le visage et gele la condensation de ma respiration sur mon foulard ( foulard que je porte pour éviter de respirer de l´air froid et ainsi aggraver mon angine). Je me retrouve avec un foulard couvert de cristaux de glace…c´est une sensation assez bizarre ! En plus, il ne tient pas bien sur mon visage, donc je dois enlever mes gants pour le remettre, ce qui me gele les mains en 2 minutes. Au dessus d´independencia, apres avoir passé une corniche de neige, je « déboule » dans le « grand Acareo », une traversée d´1h30 tres longue et surtout tres exposée aux vents ! Ca ne manque pas, au moment ou je passe la corniche, je me prends littéralement une claque de vent glaciale a 50km-h. Aussitot je me dis « ohhh le bonheur ». Petite parenthese, je reviens en arriere de 30 minutes : arrivé a Independencia, je pensais progresser laborieusement, mais lorsque je regarde ma montre, elle indique 5h23. 3h pour arriver a independencia, au lieu de 3h45 l´année derniere, c´est tres motivant !
Retour dans la traversée : pour me protéger du vent froid qui m´arrive de droite, je tourne légerement la tete vers la gauche et je marche en crabe : plutot amusant comme situation a 6500m, non ? Sur le moment, je n´étais pas le plus heureux des grimpeurs…. ah ah ah ah ! Il est 6h30, je suis bien avancé dans la traversée, et le soleil se leve ! je ne vois pas le soleil, il est caché derriere l´Aconcagua, cependant les couleurs bleus, violettes, et orangées se dévoilent sur l´horizon derriere moi, le spectacle est merveilleux. J´ai hyper froid, mais c´est beau, beau, BEAU !!!!!!!!
Malgré ma technique crabe, le vent me fait pleurer, et les larmes gelent sur mes cils… De temps en temps, je dois décoller mes cils du haut et du bas ! La traversée se fait rapidement, et me voila au pied de la canaletta, petit couloir de 200m de denivelé, assez raide (35 degrés), c´est un pierrier avec ici et la de grosses pierres. Autant vous dire que ca glisse, c´est instable et c´est un labyrinthe de pierres. L´année derniere, ce couloir etait plein de neige. Cette année, il y a de la glace vive de temps en temps ! Allez, je me lance, et 10 pas et je m´arrete, et 10 pas et je m´arrete…et un pas…ahhhh mince, je viens de reculer de 3 ! La barbe ! le soleil n´est pas encore passé au dessus de l´Aconcagua, ce qui fait que je suis toujours dans l´ombre et le froid persiste, mais je progresse bien…une petite chute de temps en temps et je continue. Je suis toujours tout seul, je regarde loin en arriere (environ 3h d´ascension), et personne !!! Ce 2 janvier, je suis tout seul a partir pour le sommet, ou alors il est encore trop tot (8h) pour etre aussi haut ! Je commence a voir le sommet, en haut a gauche, il est encore loin, mais je m´approche avec mes petits pas « de crabe ». Un petit sentiment nostalgique se developpe en moi…30 minutes plus tard, me voila sur l´arete sommitale, je me retourne et devant moi, apparait le haut de la face sud…magnifique et majestueuse ! Je continue ma progression sur un terrain que je n´aime pas du tout : glace et rochers instables avec une belle pente quasi verticale a ma gauche ! restons concentré ! Un pas, deux, trois et voila devant moi la croix sommitale de l´Aconcagua. Je n´en reviens pas…apres une annee de travail, une bronchite, une angine et des antibiotiques en altitude, je suis parvenu a atteindre le sommet pour passer mon message ! Je suis heureux, mais je pleure ! Tout seul a 6962m, je pleure de joie ! Tout va bien, l´aconcagua m´a encore une fois accepté en son sommet et me donne la possibilite de passer mon message de cet endroit mythique. Merci Aconcagua !
L´année derniere, j´avais fait l´erreur de rester 3h au sommet et meme de m´endormir ! cette fois-ci, je reste concentré, je prends des photos, je fais des images video, je ramasse les quelques déchets autour de la croix, et 45 minutes plus tard me voila dans la descente ! Je n´aime pas les descentes, elles sont dangereuses, donc je redouble de vigilance… a 3 reprises, je glisse et atteri sur mes fesses et sur le sac a dos, mon coude gauche prend un coup un peu violent. Fais attention Arian !!! 35 minutes plus tard, je suis au pied de la canaletta, au loin j´apercois une expédition qui grimpe. Voici les premiers grimpeurs que je vois, il est presque 11h ! Tous ces grimpeurs n´ont pas l´air en forme, certains grimpent meme de facon instable et peu sure… Petits encouragements de ma part, et je continue ma descente vers le camp Independencia (6400m) ou j´avais repéré des déchets. Bonne surprise, les déchets sont toujours la, je sors mon sac de nettoyage, j´enfile mon gant de cuisine, et je nettoie cette cabane abandonnée ! 30 minutes plus tard, et 15 kg de plus sur le dos, je continue ma descente. Le sac devient lourd sur mes épaules, et mes jambes commencent vraiment a fatiguer…vous me direz c´est normal apres 1600m d´ascension au dessus de 6000m, et une redescente avec 15kg de dechets. Les derniers metres vers ma tente sont longs et difficiles. Il est 13h15, je viens d´arriver a ma tente apres une énorme matinée de 11h ! Je laisse tomber mon sac par terre, et je m´assis en regardant le sommet d´ou je viens. J´avais une acclimatation excellente, ce qui m´a permis d´atteindre le sommet en 6h30 a partir du camp 1, 5300m. Je suis tres content, cependant ma toue est revenue et elle me gene ! J´espere que ca va aller ! 10 minutes plus tard, j´enleve mes bottes d´altitude, ma veste, mon bonnet, mes polaires, mes deux pantalons, les chaussettes, le colant… je me retrouve en calecon et t-shirt, je bois un litre et demi d´eau, et je me faufille dans mon sac de couchage pour me reposer… je dormirai deux petites heures ! Vers 16h, les « guardaparque » viennent me voir, me félicite pour le sommet, et me disent que l´hélico de ce matin est venu chercher les dechets pour les redescendre ! cést une excellente nouvelle ! En fait, l´hélico deposait des vivre et du materiel, et donc en redescendant a pris des dechets !
Ce matin dans la canaletta, 1200 m plus haut, j´avais entendu l´hélico et en me retournant, je le voyais au camp 1 ( une petite soucoupe volante pleine de lumieres), mais je pensais que c´était pour une évacuation… évacuation de déchets au final ! Bref, cette journée du 2 Janvier est EXCELLENTE !!!! La fin de journée se déroule tranquillement a papoter avec des amis tres intéressés par le sommet puisqu´ils le tenteront dans 2 jours ! Le soir venu, je me faufille dans mon sac de couchage, je n´émergerai que 10h plus tard !
Message du 07.01.2007:
Le 3 janvier : il a fait froid cette nuit, mon sac de couchage est encore plein de cristaux de glace ! (8h30 du matin) Le soleil commence a chauffer ma tente, le ciel est bleu, le vent souffle gentillement— tout va tres bien ! De ma tente, je regarde les expéditions partir pour le camp 2, 5900m. Il y en a beaucoup aujourd´hui ! ca risque de bouchonner demain sur le chemin du sommet… Aujourd´hui, je vais me reposer, et faire un tour de nido pour chercher les dechets sous les pierres ! Demain, je monterai au camp 2 !
Le 4 : vers 11h, je suis parti pour le camp 2, ou camp Berlin pour y nettoyer les déchets qui restaient. Le temps etait stable avec toujours un peu de vent. Au cours de mon nettoyage, une gentille sud coréenne m´a offert du jus d´orange bouillant (bizarre au début mais ca réchauffe) et des biscuits coréens ! C´était tres gentil de sa part, je me suis assis a l´extérieur de sa tente, et tout en m´hydratant, je discutais d´ascensions diverses avec elle ! Vers 3h, je suis redescendu avec mes déchets et la fin de journée s´est passée a papoter avec les norvégiens !
Le couché de soleil était magnifique, quasiment pas de vent et des couleurs éblouissantes de beauté !
Le 5 : Je remonte a berlin, 5900m vers 11h pour ensuite continuer vers un endroit que l´on appelle « piedra blancas », tout simplement parce qu´il y a des pierres blanches partout. Il se situe a 6100m. Je me dirige vers cet endroit car il y a une tente déchirée et abandonnée la haut que je souhaite nettoyer ! Me voila a la tente, elle est remplie de neige et de glace solide comme du béton ! vers 15h, je me mets au boulot avec mon piolet, je frappe la glace, je frappe, je frappe, je frappe encore… je me repose 3 minutes, et je recommence ! La glace eclate en petits morceaux qui me fouettent le visage…mais tout va bien, le soleil brille, il fait quasi bon, et je progresse bien ! 1h45 plus tard, voila la tente libérée de sa glace, je laisse le tout sécher au soleil pendant que je ramasse les quelques déchets aux alentours. Il est presque 5h. A ce moment la, je vois un « guardaparque » qui grimpe… il me dit qu´il va chercher quelqu´un qui a un probleme 300m plus haut ! 5 minutes plus tard, voici un deuxieme « guardaparque » qui passe, on se salue amicalement ! Une heure plus tard, les revoila avec « l´évacué », ils descendent lentement en entourant et soutenant le monsieur !
25 minutes plus tard, je commence ma descente avec mes déchets. Je rejoins le camp 2 et je vois les guardaparque s´activez pour hydrater le grimpeur…ce dernier est assis, sans activité sur une pierre, il ne bouge pas, il est absent ! je me rapproche et je reconnais un autrichien de 40 ans que j´avais rencontré auparavant au camp de base ! je me rapproche de lui, il ne parle presque pas… j´apprends qu´il a passé une nuit dans la canaletta, il vait atteint le sommet a 7h du soir le 4 janvier ! Il est déshydraté, fatigué, completement désorienté, mais semble ne pas avoir de gelures ou de problemes critiques. Je vais parler avec des amis, et je commence ma descente. Je rencontre un des « guardaparque » avec l´autrichien dans la descente, il n´avance pas du tout, c´est laborieux ! Il est 7h du soir, la nuit va tomber, il faut redescendre ! je me propose d´aider le guardaparque, il accepte avec grand plaisir. Lui devant, et moi derriere, on avance a pas d´escargot… a deux reprises, l´autrichien trébuche, je le rattrape par le sac a dos inextremis. La descente est sérieusement laborieuse… mais nous avons de la chance, le temps est stable, et la température agréable. Pendant la descente, l´autrichien qui s´appelle hermann, nous dit : « ce n´est vraiment pas loin le camp, ce n´est vraiment pas loin ». Nous soutennons son propos et nous lui disons qu´il faut continuer la descente. Ce n´est pas loin, mais il faut continuer… toutes les 6-7 minutes, je motive hermann pour continuer la descente (le guardaparque parle tres peu anglais). Il se borne a nous dire que le camp n´est pas loin, et regarde le camp sans bouger…. La descente nous a pris 2h30, au lieu de 45 minutes ! le soleil est couchñe, mais le ciel est rouge, orangé, nous voyons encore assez claire ! je lui demande ou se trouve sa tente.. « elle par la »…non hermann, il n´y a rien la bas… « elle est par ici alors »…. Non hermann, ce n´est pas la tienne…. il ne sait plus ou est sa tente… il me donne la marque et la couleur, et je pars chercher la tente, elle etait a l´opposé de la ou nous nous trouvions… Plusieurs fois pendant la descente, on lui demandait comment ca allait, il repondait bien, ou mieux, il devait juste boire beaucoup ! En arrivant a la tente, hermann veut nous montrer ses photos, il ne se preoccupe pas du tout de son corps, il veut nous montrer qu´il a été au sommet, et qu´il a éte un homme fort en atteignant le sommet… son esprit fonctionne vraiment pas bien… je lui dis gentillement que nous regaderons tout cela ensemble demain matin. Je le force car il ne veut pas ! Il s´assis dans sa tente, il me dit que ca va mieux, qu´il va boire beaucoup… je lui demande encore si tout va bien, il me repond « oui oui oui, merci, je vais me mettre dans mon sac de couchage et dormir ». cela semble acceptable, le guardaparque accepte, nous sommes 1500m plus bas, la situation est hors de danger ! Le guardaparque m´invite a boire un thé chaud et a manger quelque chose. On se félicite mutuellement pour la descente, et on se dit qu´hermann a vraiment eu de la chance, heureusement qu´il avait un equipement de tres bonne qualité avec une doudoune hyper chaude !
30 minutes plus, on se dit que l´on va aller voir si tout va bien du coté d´hermann. Il semblait tout a fait conscient. En arrivant a sa tente, il est toujours assis, les chaussures toujours sur les pieds, la doudoune pareil…il n´ a pas bougé d´un poil ! mais il a quand meme bu un peu. Son regard est vide, il est immobile au milieu de sa tente… C´est un corps sans ame… Il faut tout faire pour lui…on commence a enlever les bottes…une chaussette… « oooohh mierda » dis le guardaparque, le pied est violet jusquá la moitié. On craint le pire pour le deuxieme…meme scenario violet foncé ! il a les deux pieds gelés, cést moche a voir ! le guardaparque prend direct la radio et commence a discuter la situation avec la base. Moi, je cherche des chaussettes seches dans la tente, et des vetements pour entourer les pieds ! Hermann est petit mais plutot grassouillais…. je peine a le lever, a le deplacer et a l´installer dans son sac de couchage tout habillé, la doudoune l´entourant et ses pieds avec 2 paires de chaussettes et une polaire entourant le tout ! hermann veut juste dormir maintenant, on lui donne une aspirine pour liquéfier le sang, deux thermos de thé chaud… on lui dit bien de boire, et en cas de besoin le guardaparque n´est pas loin… Il est 11h du soir, je suis fatigué, je vais me coucher…le guardaparque me remercie énormément pour mon aide car sans anglais il aurait eu beaucoup de difficultées…
Le lendemain vers 7h, de ma tente, j´entends l´hélico, hermann est certainement évacué. J´apprendrais plus tard qu´il a fait tout ses besoins sur lui pendant la nuit, et qu´il a fallu le porter pour l´ammener a l´helico… il sera emmené directement a l´hopital. Je ne connais pas la suite de l´histoire !
Le 6 : journée repos a 5300m et nettoyage des derniers déchets du camp1. Descente de deux sacs de déchets a 4900m, au camp canada. Environ 25kg. Je remonte au camp 1.
Le 7, rangement de la tente d´altitude, preparation du sac, et redescente avec un sac de déchets au camp de base. J´ai presque 46 kg sur le dos… la descente est longue et mon genou droit souffre… Je retrouvre le camp de base avec tout son « comfort ». mon tendon rotulien a souffert pendant la descente, c´ est douloureux. Mais tout va bien, je suis de retour au camp de base, les dechets sont en bas, sauf deux sacs au camp canada a 4900m que jírai chercher demain.
Message du 08.01.2007:
Le 8 : un ami doit faire un portage de materiel a 5100m pour des clients, je lui propose de l´accompagner et ensuite on passera par camp canada pour redescendre les dechets. La journée est magnifique, tout se passe bien, sauf que mon genou est douloureux ! mais tout va bien, nous redescendons au camp de base, et tout les déchets que j´ai ramassé son au camp de base et partirons demain pour l´entrée du parc. Le projet est un réel succes, tout le monde est enchanté, et plusieurs guides et porteurs me disent que le camp berlin est plus propre, on voit la différence.
Voila pour les nouvelles du balayeur des cimes, je pense sortir du parc le 11 janvier. Je vais pouvoir manger des fruits frais, et me faire un bon petit dejeuner avec des cornflakes et du lait…. ca va etre le bonheur !!!! Je vous redonnerai des nouvelles autour du 12 janvier !!!
Message du 13.01.2007:
Me voila redescendu de la montagne Aconcagua, j’ai pu prendre ma première douche…un vrai plaisir. Depuis ma « redescente » au camp de base, les choses se sont très bien passées, et très tranquillement. Plusieurs fois, j’ai été me promener sur le glacier qui surplombe le camp de base, les séracs et pénitentes sont superbes… cependant le réchauffement climatique fait que le glacier recule et les champs de pénitentes disparaissent a vu d’oeil… Il y a 3 semaines, je traversais encore des champs de pénitentes, aujourd’hui,ils ont disparus… Encore un signe que la nature nous donne sur son état… et il est voyant.
Bizarrement a chaque fois que j’allais dans le glacier, je ramenais des déchets… c’est un endroit où très peu de gens vont, et il y a quand même des déchets… certains portés par le vent, d’autres je ne sais vraiment pas comment… certainement des expéditions passées de longue date. J’ai également été faire un sommet le soir et retour de nuit pour prendre des photos et faire des vidéos de cette superbe montagne avec une lumière unique. Je voulais avoir de très belles images pour pouvoir vous montrer la beauté de la nature… Certes c’est une vue large et immense, mais il faut ensuite imaginer que l’on se rapproche et que l’on veuille que cet endroit soit propre et beau. Il y a des détails qui sont incroyables… La nature est vraiment belle, et je souhaite que nous puissions tous en profiter, mais également que les animaux qui composent cette planète en profitent aussi paisiblement.
Je suis en ce moment à Mendoza, ville du désert Argentin où il fait 35 degrés…. ça change du froid de l’altitude!!!
Je rentre en France dans deux jours, et je prépare mes interventions dans les classes… J’ai reçu énormément d’emails d’encouragements et de soutien, surtout d’élèves qui suivent le projet. Merci pour ce soutien, j’apprécie beaucoup.
Ainsi, je vous dis à très bientôt dans vos classes…ou lors de conférences.