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Gasherbrum, me revoilà!!!

« …Chaussettes, lunettes, crampons, piolets, cordes, tentes… allez Arian, n’oublie rien… mousquetons, baudrier, sacs de couchage, doudoune, bonnets… etc… Hummm, ça m’a l’air bien tout ça! »

Je regarde toutes mes affaires d’expéditions éparpillées sur le sol. Mes vêtements sentent la montagne, l’effort, la difficulté et la beauté de l’aventure. J’imagine l’immensité Himalayenne et je me laisse rêver un court instant… J’ouvre les yeux à nouveau, toutes mes affaires sont toujours en vrac devant moi. Alors, je recompte, je revisionne l’équipement dont j’ai besoin, je replannifie et je réfléchis pour ne rien oublier… « humm, ça m’a vraiment l’air bien tout ça! »

Je range chaque élément minutieusement dans mes sacs. Mes yeux se ferment à nouveau, je rêve un instant, j’ouvre les yeux, mes sacs sont fermés, je suis prêt!

Lundi 7 juin, je m’envole pour le Pakistan balayer le Gasherbrum 1 (8068m). Je compte redescendre avec 2 bouteilles d’oxygène abandonnées à 8000m et des déchets situés à 7100m au camp 3, sensibiliser les alpinistes présents sur la montagne, et bien évidemment, revenir en France le 16 Août avec de superbes images et intervenir dans les écoles.

Bonjour,

Le 7 juin a 22h, je décollais de Paris pour le Pakistan avec 55kg de matériel. Étant donné que je n’avais que 37kg autorisés et que chaque kilo en plus coûte 32 euro, j’ai mis 30kg en soute et je suis parti avec mes chaussures d’expédition au pied, ma caméra vidéo a la main, les batteries de la caméra dans mes poches, ma doudoune et une veste sous le bras (dont les poches étaient remplies a craquer de choses lourdes), et enfin mon sac a dos qui pesaient 7kg (poids maximum pour la cabine). Au passage de la sécurité, les autorités me regardaient avec de grands yeux curieux et amusés. J’ai du enlever mes chaussures pour les passer dans le scanner. Ensuite, j’ai décidé de continuer pieds nus dans l’aéroport!

A 6h du matin le lendemain, après une nuit blanche, je suis arrivé a Dubai… toujours pieds nus et mes grosses chaussures a la main! C’était rigolo! J’ai passé la journée avec des amis a Dubai. Il faisait 44 degrés…beaucoup trop chaud pour moi! Je me disais: “Vivement les montagnes”!

Le soir a 22h, je décollais pour Islamabad (capitale du Pakistan) pour atterrir a 3h du matin le 9juin. J’étais complètement H.S. après 2jours de voyage! Ensuite, il fallait passer la douane, récupérer mes sacs et aller a l’hôtel. Je me suis couché a 5h et me suis levé 3h plus tard pour prendre le petit dej, revoir Phil (avec qui j’avais grimpé l’année dernière, anglais de 40ans) et rencontrer le reste de l’équipe avec laquelle je vais passer les 2 prochains mois. J’ai donc salué l’équipe: 2 anglais, un finlandais, un suédois, un italien, un canadien, un américain et moi le jeune français! Je suis retourné me coucher ensuite…

Le lendemain, nous avons pris l’avion (1h) pour Skardu (ville de départ pour les montagnes). Ce vol nous a permis d’éviter 30h de bus sur une route en très mauvais état et surtout… les Talibans. La situation est toujours critique ici. En tant qu’ étrangers, nous gardons un profile bas! Mais maintenant, que nous sommes dans les montagnes du Nord-Est, tout va bien. Les baltis (habitants de cette région) sont accueillants et chaleureux, je peux me promener tranquillement dans les rues de Skardu et faire mes dernières courses: chocolat, bonbons et biscuits. Il faut bien se faire plaisir en montagne…surtout vers la fin de l’expédition lorsque je penserai au retour a la civilisation et que mon corps en aura marre des boites de conserve, du riz et des pates!

Pour le moment, je suis donc a Skardu, petite ville très poussiéreuse et bruyante ou ça klaxonne dans tous les sens. Ils adorent le klaxon ici…un peu comme en Italie! On ne croise aucune femme dans les rues. Nous sommes dans un pays Islamique. Les hommes portent de longs vêtements blancs ou beige, et beaucoup portent la barbe. (voir photo ci dessous)

Étant chaleureux et curieux, ils m’interpellent et me posent des questions (dans un anglais quelque fois difficile a comprendre): D’où je viens, mon âge, ce que je viens faire ici, comment je trouve leur pays… Je passe toujours un agréable moment avec eux! (voir photo ci dessous).

Aujourd’hui, un jeune homme m’a même offert de me ramener a l’hôtel en moto. Quel gentillesse!

Aujourd’hui, j’ai rerangé et pesé mes sacs pour les porteurs. Chaque porteur porte 25kg jusqu’au camp de base. Le trek dure 7jours en marchant 5-6h par jour. S’il neige ou s’ils sont fatigués, les porteurs font grève et ne bouge pas de la journée. C’est ça aussi les Pakistanais! On prend alors son mal en patience et on sirote une tasse de thé et on laisse la journée s’ écouler…

L’ équipe est tip top moumoute. On s’entend super bien, et qu’est ce qu’on rigole! ça promet pour la suite de l’expédition… ha ha ha. On en avait les larmes aux yeux hier soir! 😀 Je pense arriver au camp de base le 20 ou 21 juin! A bientôt, PS: je vais essayer de mettre a jour le site internet pendant l’expédition. PSS: desole pour les accents circonflexes et autres… le clavier americain ne les propose pas! j’ai bidouille un peu pour en mettre quelques uns!

Bien le bonjour du camp de base Me voici de retour au camp de base après avoir effectué une rotation d’acclimatation au camp1 à 5900m.

Voici un petit récapitulatif de cette sortie: Jeudi matin à 3h, mon réveil sonne. Il fait frais (-4 degrés) et tout noir. Je n’ai aucune envie de sortir de mon sac de couchage bien chaud. Les départs de nuit sont toujours aussi difficiles… mais il faut bien partir tôt pour traverser le glacier et eviter que le soleil et la chaleur n’affaiblissent les ponts de neige des crevasses.

Vers 3h20, je me dirige vers la tente « salle à manger » où je retrouve mes compagnons pour boire du thé et prendre un petit dej. Je n’ai pas très faim, je me force quand même à boire du thé pour m’hydrater et me réchauffer. Au fait, en expédition, nous avons un cuisinier et 2 assistants cuisiniers au camp de base (CB); ça nous permet de nous reposer à 100% lorsque nous y sommes. Ils sont tip top moumoute! Ma tasse de thé terminée, j’enfile mon harnais, mes crampons, mon sac et j’allume ma lampe frontale. Il est 4h, nous partons pour le camp1 qui se situe à 5900m. Au bout d’une heure, nous voici au milieu de seracs (blocs de glace) grands comme des maisons, voire, certains, comme des immeubles de 3 étages. Je ne m’attarde pas dans cette zone malgré que je veuille filmer pour vous montrer cet univers. Les seracs peuvent s’effondrer à n’importe quel moment…

30 minutes plus tard, me voici dans la zone très crevassée du glacier. C’est peu rassurant, malgré que nous soyons encordés. Il y a une crevasse qui est effrayante: je ne vois pas le fond, les parois bleu cristal sont lisses comme une patinoire et très peu accueillantes, et lorsque je jette une boule de neige, je n’entends pas l’impact de la chute. Je l’enjambe en restant très concentré.

Cela fait 3h que nous marchons dans cet univers de glace. Phil et Wally (mes 2 compagnons de cordée) admirent et profitent de la magie de cet environnement. Sur notre chemin, nous plantons des baguettes en bambou, longues de 1 mètre avec un petit fanion orange à son extrémité, pour marquer le chemin en cas de mauvais temps.

Au bout de 4h, je commence à avoir les jambes lourdes, l’altitude se fait sentir, j’ai un leger mal de tête, et je n’ai qu’une envie: arriver au camp.

Il fait assez frais toujours, les nuages couvrent le ciel, et les crevasses nous entourent. Mais tout va bien, le camp est en vue. Il nous aura fallu 4h30 pour atteindre le camp1. Nous sommes ravis d’être là.

Il est 8h30. Je commence tout de suite à faire fondre la neige pour nous hydrater. La matinée se passera à faire fondre de la neige, papoter avec Wally ( mon compagnon de tente), manger quelques bonbons et papoter entres les tentes. C’est assez unique comme situation: nous sommes tous dans nos tentes respectives (4 tentes), allongés sur nos matelas à regarder les coutures de la toile, et nous papotons. Petit à petit, vers 13h, les discussions sont remplacées par le silence. Tout le monde fait une sieste!

A 14h20, je me réveille de ma sieste. J’ai mal à la tête (dû à l’altitude) et la tente est un four. Le soleil est tellement fort ici avec la réverbération que la température dans la tente monte jusqu’à 40 degrés. Et dès que des nuages arrivent, la température chute à 5-10 degrés. On se met alors dans nos sacs de couchage, et quand le soleil réapparait, on ressort!

Vers 17h, j’allume le réchaud pour faire bouillir de l’eau et ainsi manger de la bonne nourriture leophylisée. A 18h, je me mets dans mon sac de couchage, le soleil disparait derrière les sommets environnants, la température chute en quelques minutes autour de 0, et ensuite en négatif. Je prends mon courage et ma motivation à 2 mains pour ressortir de mon sac de couchage et aller aux toilettes. Il neige légèrement et il fait froid. Il n y a rien de pire que devoir aller aux toilettes pendant la nuit quand il fait -10 degrés! Donc vaut mieux faire un dernier effort pour être tranquille…

Le lendemain matin à 5h, je chausse mes crampons, je récupère mon piolet, j’attache la corde à mon harnais, et je redescends vers le camp de base. Il fait froid et la main en contact avec le métal du piolet me picotte vivement. Il a neigé 20cm dans la nuit; ça crépite sous mes crampons. 2h30 plus tard, me voilà de retour au camp de base, le petit dej nous attend. Quel luxe! La première rotation d’acclimatation (s’habituer au manque d’oxygène) s’est très bien passée. Je vais rester au CB 3 jours et ensuite je remonterai en altitude pour continuer mon acclimatation. Toutes les équipes sont arrivées au camp de base a présent, nous sommes environ 40 grimpeurs de diverses nationalités: Europe de l’Ouest et de l’Est, koréens, Amérique du Sud et Amérique du Nord. Je vais profiter de ces quelques jours au camp de base pour informer les équipes de la conduite à adopter concernant les déchets: on ne laisse pas de déchets derrière soi, et on ne jette rien dans les crevasses. J’en profite également pour prendre une douche, faire la lessive et me raser. Tout cela bien evidemment entouré de glaciers et de montagnes de 7000 et 8000m. La vie est belle!

27 juin, Camp de base: Vers minuit, j’étais à nouveau éveillé; je regardais le plafond de la tente. La luminosité à l’extérieur m’intriguait. J’ai ouvert la tente pour avoir l’immense plaisir d’admirer une nuit de pleine lune. Tous les sommets environnants étaient visibles, c’était superbe! L’air était froid cristalin, il n’y avait pas de vent, la nuit était silencieuse. Quel spectacle! Vers 6h, le jour s’est levé. J’ai attendu que le soleil chauffe ma tente (6h25) pour sortir de mon sac de couchage et j’ai continué à admirer le paysage.

28 juin, camp de base, 3h45 du matin: il fait froid, la nuit est belle, je m’habille pour partir vers le camp 1. Quitter la chaleur du sac de couchage est toujours aussi « oh non pas maintenant, encore quelques minutes »!

A 4h20, je chausse mes crampons, et je m’engage sur le glacier. La neige croustille, mon souffle est régulier, les crevasses sont silencieuses et les seracs immobiles. Tout va bien! 4h plus tard, j’arrive au camp1 en pleine forme. Quelques minutes plus tard, Phil (chef d’expédition) et moi reprenons la marche vers le camp2 pour marquer le chemin sur le glacier avec des bambous. Au pied de la face, on étudie rapidement la voie d’ascension vers le camp2. Elle est complètement différente de l’année dernière. 1h30 plus tard, on est de retour au camp1, contents de notre effort. Les bambous nous seront certainement très utiles…J’ai passé le reste de la journée dans la tente allongé à me reposer, écouter de la musique (surtout les groupes « 3 doors down » et « 30 seconds to Mars »), papoter avec les autres, faire fondre de la neige, et enfin manger quelques bonbons!

29 juin: Wally (mon compagnon de tente) et moi n’avons pas entendu le réveil ce matin. Au lieu de 4h, on a ouvert les yeux à 4h21. Il fait très froid ce matin à 5950m. Faire bouillir de l’eau, s’habiller, et faire son sac étaient fort désagréables par ce froid extrême. Tant bien que mal, je me suis preparé. La nouvelle voie vers le camp2 est plus raide, plus exposée aux chutes de pierre et de glace, mais plus directe.

La montée se passe « nikel chrome » (3h45), je me sens tip top moumoute. Ce n’est pas le cas de certains de mes autres compagnons qui arrivent au camp2 à 6500m en piteuse état. Je les accueille avec une accolade amicale, du thé chaud et les tentes montées. L’altitude se fait sentir…Ce matin à 4h, le froid ne nous donnait pas envie de faire l’effort pour un petit dej. Wally et moi avons juste mangé quelques biscuits. A présent, à 6500m, à 11h50, bien installé au camp2, le petit dej lyophilisé est tout a fait apprecié! 30 juin, camp2, journée d’acclimatation: J’ai ouvert les yeux à 5h du matin, il neigeait et le vent soufflait fort. Pas besoin de sortir du sac de couchage pour grimper, mais pour aller faire pipi! Oulalalalalala la sortie est express tellement la température est glaciale. Wally et moi rigolons de la situation une fois de retour dans la tente! Le vent décupla dans la journée. La tente tremblait dans tous les sens. On se mettait dos contre les parois pour soutenir les piquets pour eviter qu’ils ne cèdent. On ne peut plus parler entre nos tentes, le vent est trop bruyant et il neige fortement! Le retour demain risque d’être dangereux…

1 juilllet, descente du camp2 au camp de base: à 5h du matin, la condensation gelée sur les parois de la tente nous tombait dessus comme de la pluie à chacun de nos mouvements pour nous habiller. Le vent soufflait toujours, et la neige continuait de tomber. Silencieux, je me dis » Purée, la descente va etre Rock&Roll »!

Après 10 minutes de descente dans une neige profonde, premier obstacle: une corniche fine comme une lame de razoir avec de chaque côté 500m de vide! Phil s’est avancé et a dit: « this is fucked up ». En gros, pardon pour les gros mots, voila ce que ca signifiait » Putain, c’est quoi cette corniche de fou. Pas moyen que j’y aille »! C’était le seul passage possible, je me suis donc porté volontaire. Phil a sorti une corde pour m’assurer et hop, je m’engageais sur cette magnifique corniche. Premier pas, je déclenche une avalanche. Ca commence bien! Je progresse doucement mais sûrement. A mi-chemin, la corniche devient trop dangereuse, la neige est tellement fine que je n’arrive pas à trouver de support solide pour mes pieds, je decide donc de prendre exemple sur ma petite soeur qui fait de l’équitation: je m’assis à cheval sur la corniche et je progresse ainsi. Le passage de cette corniche longue de 25m me prendra 20 minutes. La trace est faite, les autres suivent. Me voilà à présent au niveau des cordes fixes (cordes que l’on installe avec des pieux à neige pour sécuriser l’ascension et surtout la descente) qui sont recouvertes de neige. A chaque ancre, je dois creuser pour trouver la corde et tirer dessus pour la sortir progressivement et ainsi pouvoir descendre en rappel. Au pied de la face, nos précieux bambous nous indiquent le chemin. Le brouillard, le vent, la neige et la lenteur de la progression rendent la descente intense et palpitante. Il nous faudra 4h pour rejoindre le camp1 au lieu de 1h30. Quelle descente! Et ce n’est pas fini, il nous reste encore la descente jusqu’au camp de base: 8km avec 900m de denivelé au milieu de crevasses et seracs. Le vent était glaciale, la visibilité était minime, la fatigue se faisait sentir, et je recommençais à tousser jusqu’à me plier en deux. « Purée de cacahuète, c’est pas tip top moumoute ». Vers 13h40, j’arrivais au camp de base dans un état assez misérable. Je me suis empressé de me changer pour mettre des affaires sêches et chaudes, et boire du thé chaud. Les autres arrivaient petit à petit dans un état similaire… Quelle descente de fou qui nous a pris 7 heures!

Toute l’equipe était de retour au camp de base, le thé chaud coulait à volonté et réchauffait nos corps affaiblis. Petit à petit, le silence était remplacé par les rigolades, les blagues et les discussions. Tout allait bien, nous étions de retour dans le luxe du camp de base. Le camp2 était établi, nous pouvions nous reposer quelques jours…

PS: Je n’ai pas encore rejoint les camps d’altitude avec les déchets. Mon effort de nettoyage ne s’est limité qu’à quelques emballages de barres de céréales pour l’instant. PSS: Etant donné que j’ai beaucoup de temps pour réflechir, je réflechis aux prochains projets du balayeur des cimes, à comment améliorer les interventions dans les écoles, à comment solliciter des sponsors, et bien evidemment à comment faire un effort pour préserver notre environnement. Notre planète mérite un effort!

Bonjour à vous tous,

le 13 juin vers midi, je suis monté dans une tres vieille jeep rose en direction d’Askole, village de depart du trek. le trajet dure environ 7h sur une route de terre en très mauvaise état. ca bouge dans tous les sens et c’est poussiereux, mais les paysages sont magnifiques: désertique avec des montagnes rocheuses dans tous les sens. De temps en temps, on passe dans un petit village avec des maisons en terre et quelques champs verdoyants bien irrigués. Les enfants nous regardent passer, et nous disent bonjour en nous saluant de la main. Je réponds avec un grand sourire et à mon tour je les salue de la main. Ils adorent! un grand sourire apparait sur leur visage. C’est génial. La nuit commence a tomber, la route se rétrecit, se raidit, et je serre les fesses de peur de tomber dans le ravin; ça devient une réelle aventure, surtout lorsque le conducteur veut arriver vite et donc accélerer le rythme. Le conducteur semble à l’aise. Je ne peux que lui faire confiance, donc je sors la tête par la fenêtre et je profite de cette aventure. Tout va bien, nous arrivons à bon port: Askole. Ce soir, je dors en tente. L’odeur du sac de couchage, l’ambiance de la tente et le fait d’être dehors me font sourire. Je suis ravi d’être là.

Le lendemain matin vers 6h, on organise les sacs pour les porteurs, et vers 8h, nous commençons le trek. Il fait frais, le ciel est couvert, les montagnes sont cachées par les nuages, mais je sourris et je suis tout excité. Je suis comme un enfant devant un cadeau de noël. Une caravane de 110 porteurs s’étend devant moi. plus tard, dans un nuage de poussière, je traverse un troupeau d’une 50aine de chèvres. Et enfin, à chaque fois que je double un porteur, il me dit: « salam Malekum, how are you? ». Et je réponds: « Malekum sala. Fine thanks. And you? » Le porteur me regarde en souriant et je continue mon chemin. 4h plus tard, j’arrive souriant, excité et heureux au camp « Jhula ». L’apres midi se passe à boire du thé, rigoler avec le reste de l’equipe et admirer les sommets environnants (toujours cachés par les nuages). Tout va bien.

Le lendemain, départ à 6h pour Paju. Les nuages sont toujours là, mais le moral et l’ambiance sont tip top moumoute. 5h de marche, et me voilà au camp, assis sous un arbre (les derniers arbres avant d’être sur le glacier), à admirer le fleuve et les montagnes. Le paysage est toujours aussi désertique. Les jours suivants, on commence à marcher vers 4h du matin car il y a beaucoup de neige et nous voulons eviter de nous enfoncer a chaque pas dans la neige ramolie par le soleil. Les porteurs aussi sont ravis de commencer aussi tôt. Les nuages ont disparus, ainsi que les arbres et les fleurs, nous sommes sur le glacier du Baltoro (glacier long de 60km) les montagnes se dévoilent, c’est magnifique: sommets couverts de glaciers suspendus, pointes rocheuses abruptes et ciel bleu. Il fait -10 degrés le matin quand nous commençons à marcher, ensuite vers 8h, avec le soleil et la réverbération, j’ai l’impression d’être dans un four à 200 degrés. La neige se ramolie à vitesse grand V, j’accélère le pas pour arriver au camp vers 9h ou 10h du matin. Le 20 juin, j’arrive au camp de base à 5000m. J’ai légèrement mal à la tête dû à l’altitude, mais je suis heureux d’être là. Je reconnais les sommets environnants que j’ai tellement admiré l’été dernier pendant les 2 mois où j’étais là! Rien n’a changé, sauf qu’il y a beaucoup de neige. C’est tout blanc. J’installe ma tente, je récupère mes 2 sacs, et je range mes affaires dans ma petite maison pour les 2 prochains mois… Je suis très content d’être là. ça va être une super expédition. Je vais ramener de belles images pour vous faire partager cette aventure. L’ambiance avec l’équipe est joyeuse. On en pleure tellement on rigole!

Le 24 vers 4h du matin, je vais partir pour le camp1 à 5900m. La phase d’acclimatation commence. J’ai hâte de chausser mes grosses chaussures et mes crampons, enfiler mon harnais, allumer la lampe frontale et commencer à grimper. J’ai moins hâte de me retrouver au milieu des crevasses et des seracs, mais je serai encordé, et tout se passera bien. En attendant, les prochaines nouvelles, portez vous bien, et prenez bien soin de notre belle planète. Notre planète mérite un effort.

Le lendemain de notre descente du camp2 à 6h50, j’ouvrais les yeux. Le soleil chauffait ma tente. C’était agréable. Le ciel était bleu, il y avait du vent en altitude sur le sommet du G1. A 8h, on était tous dans la tente « salle à manger/ salon » pour prendre le petit dej. Comme à l’ habitude, les conversations fusaient dans tous les sens, et les rigolades remplaçaient le silence de la nuit. Tout allait bien! Notre première journée de repos commençait…

Nous sommes à présent à notre 6eme journée de repos. Nous attendons que le beau temps revienne pour remonter en altitude. Ces 2 derniers jours, il a neigé et il a fait froid.

Qu’est-ce que l’on fait au Camp de base pendant ces journées? – Douche (on fait chauffer de l’eau que l’on verse dans un bac, et on utilise une boite de conserve pour s’asperger) – rasage (assis à l’extérieur en plein soleil, entouré de superbes montagnes: que c’est beau!) – Lessive (on sent bon le propre!!!!) – Refaire la plateforme de la tente (je suis devenu un vrai maçon) – séance cinéma (vers 15h, on se retrouve dans la « salle à manger » pour un petit film sur ordinateur. Nous avons bien rigolé en regardant « Semi pro » (film/comédie de Basket)) – bien evidemment, on boit du thé, on mange des biscuits, et l’équipe de cuisine nous concocte de bons petits plats. – et enfin, la grande excitation du 5 juillet: « High Altitude Games », genre de jeux olympiques d’altitude. Voici ce que j’ai écrit dans mon journal: « Vers 9h, un engouement general pour des activités sportives nous a conduit aux « high altitude games ». On a commencé par le lancer de bambou (bambou de 3m de long), pour ensuite faire du lancer de poids avec un gros caillou; on a continué avec le lancer de disque avec une bobine de corde (8kg), ensuite exercice de puissance ( bras à l’horizontal, une bobine sur chaque bras et il faut tenir le plus longtemps. J’ai tenu 58 secondes. Le record est 1’13 », autre exercice de puissance: lever de jerrikane d’essence de l’armée, remplie d’eau (30kg), au dessus de la tête, bras tendu (avec un seul bras), et enfin lever une pierre de 35kg au dessus de la tête plusieurs fois. On a passé une bonne heure et demi à ces jeux. C’était super sympa! On s’encourageait et on applaudissait: une vraie equipe! Tout le monde était content et jouait le jeu. Serbaz ( l’assistant cuisinier, environ mon âge) a été le plus fort aux exercices de puissance. Il y avait de l’excitation, de la joie, de la détermination et surtout de la bonne humeur. C’était tip top moumoute! »

Avec toutes ces activités et l’abondance de thé et de nourriture, le camp de base est un hôtel de luxe!

Aujourd’hui (7 juillet), le soleil est de retour ce matin. La neige fond lentement et je peux à nouveau admirer le panorama. On étudie la météo, on discute de la stratégie à adopter, et on va bientôt remonter en altitude. Affaire à suivre… P.S: C’est ma grande soeur qui met à jour mon site internet. Je n’ai pas accès à mes e-mails. J’utilise l’ordi et le téléphone satellite de mon voisin de tente pour envoyer des photos et du texte. P.S.S: Pour ceux que ça intéresse, un envoi de 200 ko (photos et texte) coûte 2 dollars!

Un beau matin de juillet (le 16), après avoir passé une semaine au camp de base, nous avons reçu une prévision météo positive tant attendue: les vents en altitude baissaient (35.50km/h), et il ferait grand beau pendant 4 jours. Enfin, nous pouvions faire une tentative en altitude. Voici une partie de mon journal du 17 juillet: « A 3h40, j’entends mon réveil. Je suis complètement dans les vapes, je m’habille doucement en me disant « avec une bonne nuit de sommeil, la montée au camp2 sera plus agréable ». En effet, ce matin, nous partons pour le camp 2 à 6500m. C’est à dire environ 9h de grimpe. À 4h j’enfile un petit bol de porridge qui passe plutôt mal… mais j’ai besoin d’énergie. A 3h30, je rejoins le camp1. Je récupère quelques affaires et je continue ma route vers le camp2. Il fait grand beau. C’est magnifique. Je range mon bonnet, je sors ma casquette. La montée se passe très bien. C’est un réel effort à plus de 6000m: je souffre mais j’adore! Vers 14h40, j’arrive au camp 2, content de cette belle grimpe. Je passerai l’après-midi à m’hydrater, me reposer dans la tente tout en papotant avec Wally (mon compagnon de cordée et de tente).

Le 18 juillet: Etant parti à 6h30, j’atteins le camp3 à 7100m après 4h de grimpe bien raide en plein soleil. Phil est devant moi, il me fait signe que nous sommes arrivés. Woooowww, on a vraiment prit de l’altitude! C’est incroyable ce que le glacier semble petit 2000m plus bas. Pendant la montée, à plusieurs reprises, je me retournais pour admirer le paysage. Il est bientôt midi, le ciel est bleu et le soleil brille. Je m’active à faire fondre de la neige et je mange quelques bonbons. Nous ferons une tentative pour le sommet en partant à minuit. Je profite de l’après-midi pour me reposer. Je n y arrive pas vraiment, je pense trop a ce soir…

Le 19juillet: Quand nos réveils sonnent vers 23h15, on se pose tous la question: mais pourquoi vient-on souffrir dans le froid et en altitude? Discrètement, je me dis: parce que notre planète mérite un effort!

A minuit, je finis de serrer mes crampons, je vérifie mon harnais, j’ajuste ma lampe frontale, et je commence à grimper dans la nuit profonde. La nuit est silencieuse, seul le bruit des crampons dans la neige brise la nuit glaciale. L’effort est intense et magnifique. Mon souffle est régulier et la vapeur d’eau de ma respiration gèle instantanément sur ma doudoune.

Après 4h de grimpe au milieu de neige et rochers, j’atteins l’emplacement du camp4 à 7400m. C’est un endroit chaotique avec des dizaines de tentes déchirées, gelées dans la neige et la glace. C’est triste comme vision. J’ai sous estimé l’effort nécessaire pour nettoyer cet endroit. Je regarde le lieu avec impuissance et regret. Il faudra au moins une dizaine de personnes pour ce projet…Futur projet? Je continue mon chemin vers le sommet. Je suis à présent à 7700 sur une longue traversée de neige qui n’en finit pas. Phil et Wally sont 50m devant moi. Sur la crête sommitale, le vent souffle fort et soulève la neige en tourbillons. C’est beau à voir, mais c’est mauvais signe. Phil et Wally s’arrêtent, se retournent, et me font signe d’allumer ma radio. « Qu’est qu’il y a Phil? ». » Le vent forcit, tu vois sur la crête? ». « Oui, je vois ça. ». « On ne peut pas continuer, on risque des engelures aux orteils et doigts ». « C’est vrai, bien jugé Phil. On descend alors? ». « Oui. Désolé ». On était à 3h du sommet, environ à 7750m. Le paysage était magnifique (photo ci dessous), le soleil venait de passer au dessus de l’arête sommitale et commençait à nous réchauffer. Il faisait un froid de canard. Avec le vent, il faisait entre -35 et -40°C!

Nous sommes redescendus au camp3. On s’est reposés quelques heures et nous avons continué la descente jusqu’au camp1. Je suis arrivé au camp1 à 20h30, fatigue, mais content de cette belle journée de grimpe. Le lendemain matin, je découvre que certaines équipes ont quitté les lieux en laissant des déchets. Pendant une heure, je ramasse tout ça et je charge mon sac. En arrivant au camp de base 3h plus tard, je vide mon sac et pèse les déchets: 16kg.

Notre planète méritait bien cet effort là!

Je suis à présent au camp de base sous la neige qui tombe depuis 2 jours. J’attends de pouvoir remonter en altitude pour nettoyer des bouteilles d’oxygène et d’autres déchets sur le Gaherbrum1 à 7100m, et peut-être faire une tentative pour le sommet à 8064m. Affaire à suivre…

21 juillet: 5h45 du mat. Phil est à l’extérieur de ma tente. « Arian, tu es réveillé? », « Arian, Arian, Arian ». J’ouvre la tente et Phil dit: « quelle heure est-il? Ma montre ne fonctionne toujours pas! » Petit réveil rigolo…

Le camp de base est tout blanc, il neige en grande quantité et ce pendant 3 jours. Il faisait un froid de canard! On a donc trouvé de belles activités pour passer le temps: – déneiger nos tentes – creuser des tranchées entres nos tentes – faire un bonhomme de neige – batailles de boules de neiges (toujours très rigolo comme activité) – compétition de lancer de boules de neige sur les tentes des autres (Arshad (le cuisinier) et moi sommes des membres très actifs de cette discipline) – compétition de lancer de boules de neige sur une boite de conserve (mon activité préférée) – et bien évidemment, toutes ces activités sont récompensées par de bonnes tasses de thé chaud pour réchauffer les mains gelées!

Le 24 juillet, a 6h25, le soleil est apparu et chauffait ma tente. Quelle fantastique plaisir de voir le soleil et de sentir sa chaleur! Cette nuit, j’ai également eu l’immense plaisir d’admirer une nuit étoilée de pleine lune. Quel spectacle! A 8h, des pancakes nous attendaient pour le petit dej… Miam miam!!! Les journées sont très tranquilles en ce moment. On papote, on boit du thé, on écoute de la musique, on fait des compétitions de lancer de pierres sur une boite de conserves, on regarde les montagnes environnantes…Bref, ce sont de vraies vacances! Et je pense aussi beaucoup à mes projets du balayeur des cimes… Le 27, nous avons reçu les prévisions météo qui confirmaient l’arrivée de neige pour le 28.29.30 juillet. On espérait que ça nous passe à côté…Dommage! Nous sommes donc bloqués au camp de base encore pendant quelques jours. J’espère que début août, la météo sera correcte pour remonter en altitude sur le Gasherbrum1 à 7100m et récupérer les bouteilles d’oxygène abandonnées l’année dernière.

Aujourd’hui, je suis allé me promener sur le glacier et nettoyer des déchets que j’avais repérés le jour d’avant. Je suis revenu avec 22kg de déchets et une bouteille d’oxygène!

Notre planète mérite un effort!

Assalam-E-Alakium (Bonjour en Pakistanais),

Comme vous avez dû le voir aux informations, c’est pas tip top moumoute au Pakistan. La mousson frappe de plein fouet la region Nord (où je me trouve) engendrant d’énormes problèmes d’innondations. On vient d’apprendre que la route de retour vers la civilisation (Askole-Skardu) a été complètement balayée par les innondations.

Ici au camp de base, nous n’avons pas vu le soleil depuis plusieurs jours, et ça ne semble pas s’améliorer avant le 2-3 Aout. Le temps se fait long au camp de base, très long…Comme je vous l’ai dit précedemment, nous nous occupons comme nous pouvons…comme le montre la photo ci dessous…

A force de faire des compétitions de lancer de pierres, j’ai des courbatures à l’épaule! Aujourd’hui, c’est donc repos complet de l’épaule…

De mon sac de couchage, je passe le temps en regardant la neige tomber à l’exterieur de ma tente et j’ecoute les avalanches devalées les pentes des montagnes environnantes! J’occupe également mon temps à ramasser des déchets autour du camp de base. Mes dernières trouvailles sont ces bouteilles d’oxygène. Les petites bouteilles datent de 1990!

Aujourd’hui est un jour d’enthousiasme et d’excitation puisque nous avons reçu les prévisions meteo pour les 6 prochains jours. Il semblerait que le mauvais temps cesse le 2-3 Aout et que les vents en altitude (d’habitude autour de 60-70km/h) baissent autour de 30km/h. Nous allons donc remonter en altitude une dernière fois si tout va bien sur le Gasherbrum 1 (8064m).

Surla photo ci dessous, en rouge, vous pouvez voir la voie d’ascension (partiellement cachée au pied de la montagne) et le point rouge représente le camp 3 (à 7100m) où se situe les déchets que je compte redescendre.

Le plan de grimpe est le suivant:

3 Aout: montée du camp de base au camp 2 (environ 11h de grimpe)

4 Aout: Montée au camp 3 (6h de grimpe) et ramassage des déchets

5 Aout: Si Phil et moi sommes en forme, tentative pour le sommet. Départ à minuit (environ 12h de grimpe et 6h de descente), retour au camp 3. Peut-être descente au camp 2 à 6400m (ça dépendra de notre fatigue)

6 Aout: Descente au camp de Base avec tous les déchets sur le dos. Nous serons crevés, mais nous garderons notre motivation en se répétant: « Notre planète mérite un effort! »

Je vous tiens au courant des évènements dès que je peux! D’ici là, envoyez moi de la chaleur et du soleil !

Bonjour, Après une longue période d’attente au camp de base, je suis remonté en altitude, cette fois-ci sur le Gasherbrum 1. Voici un aperçu de cette escapade: 3 Août: Je n’ai pas entendu mon réveil à 3h30! C’est bon signe car normalement je n’arrive pas à dormir avant un départ, mais ça veut aussi dire que je vais être « à la bourre » pour le petit dej à 4h! A 3h48, j’ai entendu quelqu’un marcher près de ma tente. Le bruit des pas sur les cailloux du glacier m’a réveillé. J’ai regardé ma montre avec surprise, et je me suis empressé de m’habiller. J’ai à peine eu le temps de boire une tasse de thé que Phil voulait « décoller » en direction du glacier. Une longue journée et un bel effort de grimpe nous attendait: une montée du CB (camp de base) au Camp2, c’est à dire 1500m de dénivelé et 20km de distance. Mes jambes étaient lourdes ce matin. J’étais légèrement « cuit » en arrivant au camp1. Après une courte pause, nous avons entamé le chemin vers le camp2 avec des sacs de 20kg. Mes jambes criaient » au secours Arian. Arrête toi et reposons-nous! » Les arrêts se limitaient à une vingtaine de secondes tous les 70-80m pour planter un bambou pour marquer le chemin. Phil et moi alternions le plantage de bambou pour alléger nos sacs de manière équitable!

Les quelques centaines de grammes en moins sont comme des kilos en moins au niveau de la mer! Après 8h de grimpe, on commençait sérieusement à fatiguer. Vers 13h30, on grimpa une dernière pente. Arrivés en haut, on a aperçu les tentes du camp2. J’ai posé mon sac. Quel soulagement instantané pour les épaules et le dos! J’ai enlevé mes crampons et je me suis faufilé dans la tente. Phil et moi étions très contents d’arriver et de pouvoir nous reposer dans notre petite tente (voir photo ci dessous).

4 Août: A 5h, Phil et moi ouvrions les yeux après une bonne nuit de sommeil. Toujours emmitouflés dans nos sacs de couchage, nos regards se sont croisés plusieurs fois et se disaient: » Que l’on est bien au chaud. Je n’ai aucune envie de bouger. Toi? »-« Pareil. Refermons nos yeux quelques instants! » Phil et moi sommes restés dans nos sacs jusqu’à 7h30! A 8h, nous avons chaussé nos crampons et nous sommes dirigés vers le couloir de neige et de roches qui allaient nous mener au camp3 à 7100m. Sur ma droite s’étendait un superbe paysage du glacier pakistanais, et sur ma gauche, un paysage montagneux très sec Chinois! Le G1 se situe sur la frontière entre les deux pays. Très fréquemment (toutes les 5 minutes), des cailloux et des bouts de glace dévalaient la pente. Ça fusait dans tous les sens! Il fallait rester vigilant à chaque instant… En levant les yeux, à 100m au dessus, j’ai aperçu un bout de glace de la taille d’un melon descendre la pente. Je l’observais se rapprocher, je pensais qu’il allait passer en dessous de moi. Pas du tout, il fonçait droit sur moi comme un missile à tête chercheuse. J’ai a peine eu le temps de dire « Punaise », qu’il percutait mon mollet gauche de plein fouet. Cacahuète, qu’est ce que ça fait mal! Au camp3, je découvris un énorme « bleu » très douloureux! Vers 6900m, le couloir devint très étroit (2m de large). Quand je pouvais, j’évitais les cailloux et la glace qui tombaient. Les autres fois, je rentrais ma tête (couverte d’un casque) et je laissais passer l’orage. Après 5h de grimpe, j’atteignis le camp3. Phil arriva une heure plus tard. Il était complètement cuit! Mais nous étions là, tous les deux, et nous étions heureux! Nous pouvions nous reposer quelques heures avant de tenter le sommet (départ vers minuit). Du camp3, la vue est magnifique:

Toujours le 4 août à 22h, je sortis la tête du sac de couchage pour parler à Phil: « Tu entends la neige tomber? C’est pas bon signe ça! »-« Non, c’est même très mauvais signe! ». Je sortis la tête de la tente pour découvrir qu’il neigeait en abondance et que la visibilité était minime. Nous étions dans une purée de nuages! « On fait quoi? »-« On attend de voir si la météo change… ». A 5h du matin, la meteo n’avait toujours pas changé. La neige s’accumulait (20cm), les nuages ne bougeaient pas; les conditions étaient mauvaises. Nous décidions de redescendre. La montagne sera toujours là. Nous irons au sommet une autre fois… 5 Août: A 6h, nous avons commencé la descente dans le mauvais temps. A mi-chemin du couloir, j’ai été enrobé par une grosse coulée de neige. Je me suis ancré aussi solidement que possible et j’ai laissé passer. Au bout de 5h de descente, fatigués, Phil et moi atteignions le camp 1. Nous n’avions aucune envie de rester plus longtemps en montagne. Nous rêvions du luxe du camp de base. Nous avons donc continué notre descente. Il était 11h30. Le soleil perçait au travers des nuages, la neige fraîche et la chaleur rendaient la progression très lente et laborieuse. Tous les 3 pas, je m’enfonçais jusqu’aux genoux; quelques fois, la jambe entière y passait. Au bout d’une heure, je regrettais notre décision. C’était une erreur de voyager sur un glacier avec des crevasses en pleine journée. Plus jamais, je ne ferai cette erreur! Ce qui devait arriver, est arrivé! Nous étions deux cordées à descendre. Alors que nous étions sur une surface plate sans aucun signe de crevasse, un grimpeur devant nous disparu dans une crevasse. Nous nous sommes dépêchés pour rejoindre l’endroit de la crevasse et porter secours. La crevasse était obscure, et le grimpeur se trouvait 6m plus bas. Il fait extrêmement froid et humide dans une crevasse. On s’est rapidement activé à organiser les ancrages et les cordes pour secourir notre compagnon. Il était coincé au fond par les parois de la crevasse. Il nous a fallu 45 minutes pour le sortir de là. Il était en hypothermie, mais il n’avait rien de cassé. On lui a donné du chocolat, du thé chaud (on a sorti le réchaud pour ça), et nous sommes empressés de continuer la descente pour qu’il se réchauffe. Le camp de base était encore loin… Normalement, la descente du camp1 au CB prend 2h30. Ce jour là, avec les affreuses conditions de neige et la chute dans la crevasse, il nous fallut 6h pour rejoindre le CB. Nous étions cuits, re-cuits, et archi-cuits! La photo ci dessous a été prise dans les seracs 2h avant d’arriver au CB.

Nous sommes partis à 6h du matin. Nous sommes arrivés au camp de base à 17h30! Quelle journée! Comme l’a dit un slovène en arrivant au CB: » c’est inhumain une journée comme ça! « Du camp3, j’ai « balayé » une bouteille d’oxygène, et du camp1, une tente déchirée abandonnée par des Tchèques. Me voici au camp de base après cette fameuse journée « inhumaine »:

Conclusion de cette expédition: Je n’ai atteint aucun sommet de 8000m duquel je voulais passer mon message. Mais, j’ai balayé plus de 50kg de déchets de ces belles montagnes et je rentre en France avec de belles images et une belle aventure à partager avec vous et les écoles que je visiterai! Notre planète mérite un effort!Il me reste 3 jours au CB dans ce que j’appelle « mon château » (voir photo ci dessous- ma tente se trouve sur un monticule de cailloux car le glacier a fondu tout autour et au fur et à mesure, je renforçais ma plateforme avec des pierres. je suis un expert en maçonnerie maintenant! Avant de commencer la marche de retour vers la civilisation. Je pense déjà au bon yahourt et bons fruits que je vais pouvoir manger! Retour en France le 15 Août!

Le 9 Août, sous un ciel couvert et une température fraîche, j’ai quitté la glace et les cailloux du camp de base. En m’éloignant, je me suis retourné à plusieurs reprises et regardé en direction du gasherbrum1 avec un sentiment de nostalgie, mais également un sentiment de plaisir et de satisfaction. J’ai alors dit » Merci pour cette belle aventure et a bientôt » aux Gasherbrum 1 et 2! » (je compte y retourner…) J’ai continué mon chemin…en direction de la civilisation. Ce jour là, j’ai marché 7h pour rejoindre notre campement. Il pleuvait, le vent soufflait et me gelaient les os! C’était plutôt désagréable comme moment, surtout que les porteurs sont arrivés 3h plus tard avec les tentes et les réchauds pour faire du thé!

Le lendemain matin, le ciel était toujours couvert, mais il ne pleuvait pas. Une journée de 8h30 de marche m’attendait. Ce jour là, j’ai parcouru les 40km restants pour quitter le glacier. Quel soulagement de quitter le glacier! La grande surprise du jour et l’immense plaisir fut l’apparition d’ odeurs de plantes. En effet, pendant 2 mois, il n’y avait aucune odeur sur le glacier. Ce soir là, la nuit était étoilée; j’ai dormi à la belle étoile.

Vers 4h du matin, je me suis réveillé sous la flotte! Mon sac de couchage était trempé! Je me suis précipité sous la tente « salle a manger » pour continuer ma nuit! Une heure plus tard, je me levais pour prendre le petit dej! J’en rigole maintenant, mais pas sur le moment!

Le troisième jour, 40km de marche (8h) m’attendait à nouveau. Ce matin là, je sentais les muscles de mes jambes crier « Arian, étirement, étirement stp »! « Ok, ok. Vous avez raison! ». Petite séance d’étirements, et hop, j’empruntais le dernier tronçon poussiéreux et rocheux au milieu des montagnes du Karakorum pour rejoindre le petit village d’Askole, première porte de la civilisation…

A partir d’Askole, nous devions prendre des Jeep pendant 7h pour rejoindre Skardu, la ville principale de la région (2eme porte de la civilisation plus importante: hôtel, lit, douche, télévision et internet). Mais à cause des abondantes pluies, la route de terre était détruite à plusieurs endroits. Ce matin là, nous avons donc marché 1h pour passer le premier glissement de terrain. Nous avons alors pris des jeep pendant une heure jusqu’au 2eme glissement de terrain. Nous avons traversé les éboulis à pied, et de l’autre coté, nous avons eu la chance de trouver d’autres jeeps pour faire le reste du chemin vers Skardu. Sur la photo ci dessous, l’énorme caillou que vous voyez devant la jeep a dévalé la pente 2 jours avant notre passage….

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Sur la photo suivante, nous avons traversé en jeep une rivière grondant et une jeep est restée coincée en sortant du lit de la rivière. Il a fallu 40 minutes de boulot et plusieurs tentatives pour la sortir de la…

Voici le paysage qui nous entourait à ce moment là….

La patience était de rigueur ce jour là…

Au lieu des 7h habituelles, il nous a fallu 12h pour rejoindre Skardu. Le retour a la civilisation se mérite!

Mais, l’aventure n’était pas encore terminée. De Skardu, il fallait rejoindre Islamabad pour prendre nos vols internationaux. Par la route, c’était impossible car la route était détruite/bloquée à plusieurs endroits. L’unique possibilité était de prendre l’avion, mais à cause de la météo, le seul vol journalier ne pouvait opérer tous les jours. Nous avons donc essayé de prendre l’avion de l’armée… sans résultat! Au bout de 3 jours d’attente, par miracle et quelques « billets sous la table », l’avion est arrivé à Skardu et nous avons pu monter à bord. Quel soulagement! La 3eme porte de la civilisation était ouverte….

Me voilà à présent à l’hôtel à islamabad à vous écrire ces quelques lignes. Je décolle demain pour la France avec seulement un jour de retard.J’ai de la chance. Je souhaite bon courage au Pakistan avec cette situation difficile.


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