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1er expé sur un 8000m

  • Alice Lemal
  • 20 août 2009
  • 8 min de lecture

Me voilà de retour en Nouvelle Zélande après une superbe expérience en altitude.

Les deux premiers jours à Islamabad (Capitale du Pakistan) se sont vite passes à faire des courses (j’ai acheté des KG de chocolat et bonbons) et à faire connaissance avec les membres de l’expédition, ainsi que rencontrer d’autres membres d’expéditions allant sur le Broad peak et le K2 (deux autres sommets de 8000m). Je rencontrais plein de têtes que je connaissais déjà par le biais d’internet et des magazines de montagne. Le monde de la haute altitude est très petit, mais tellement passionnant.

Nous devions prendre l’avion pour nous rendre à Skardu (dans les montagnes), mais le vol a été annulé à cause de la météo. À la place, nous avons pris un minibus pendant 29H sur une route plutot mauvaise... oulalalala que c’était long et douloureux... À mi-parcours, dans la zone « Taliban », un convoi militaire transportait des morts de la guerre avec les Talibans. Ca m’a refroidi ! Quelques heures plus tard, nous traversions une ville fréquentée par les Talibans. Nous avons fermé tous les rideaux du bus et nous nous sommes fait « tout petits ». Tout s’est bien passé, mais j’avais le ventre serré, limite, ça faisait mal. Deux Jeep militaires avec kalachnikov nous escortaient pendant cette traversée dangereuse. Plutôt désagréable comme sensation ! Je me demande ce qui était pire : ça ou la peur due à la conduite effrénée du chauffeur sur une route cabossée à peine plus large que mes fesses le long d’un ravin de plusieurs centaines de mêtres de nuit ?

Dans les 2 cas, je n’étais pas à l’aise ! Mais ce n’est pas tout : pour rejoindre le trek, une autre aventure de 8H en Jeep sur une piste de terre le long d’un ravin, avec des chutes de pierres et des glissements de terrain m’attendait... Pas tres rassurant non plus tout ca ! Encore une fois, tout s’est bien passé...Mais oulalala mon pauvre petit ventre !

Enfin, nous arrivions à Askole, petit village de montagne à partir duquel les 7 jours de marche d’approche commençaient. J’étais enfin au milieu de la chaine du Karakorum dont j’avais tant revé. Quel bonheur ! Et c’est parti : un pied devant l’autre, les batons dans les mains, le sac sur le dos, les yeux patrouillant le paysage et bien sur, l’appareil photo et la camera prêts pour vous faire partager cette aventure !

Le 21 juin, nous arrivions au Camp de Base (5050m), dominé par le Gasherbrum 1 (8068m) où nous allions passer les 8 prochaines semaines. La première tache : déplacer des pierres et pelleter pendant une heure pour aplanir l’endroit de ma tente. 10jours plus tard, je referai la même chose car tout aura fondu autour de ma tente (nous sommes sur un glacier) et ma tente se trouve en équilibre 30cm au-dessus de la moraine. Je n’aurai jamais autant déplacé de « caillasse » de ma vie. J’avais l’impression d’être un bagnard comme les Daltons dans Lucky Luke. À coté de ca, il n’y a pas grand-chose d’autre à faire au camp de base pendant les jours de repos à part admirer le magnifique paysage, jouer aux cartes, papoter, ramasser des déchets (parmi mes trouvailles un peu spéciales : deux bouteilles d’oxygène : une de 1962 et une de 1980) et bien évidemment glander ! De vraies vacances ! Le jour, il pouvait faire jusqu'à 20°c (35°c dans la tente) et la nuit -5°c. Le soir, le diner terminé (20H), chacun filait vite dans son sac de couchage... Mais avant un petit brossage de dent en admirant le superbe couché de soleil sur les sommets enneiges était de rigueur (certainement mon moment de la journée préféré au camp de base).

Pour grimper une montagne de 8000m, il faut s’acclimater : c’est-a-dire monter en altitude (depart 3h du mat) au camp 1 (5900m) et y dormir, et redescendre au camp de base. Quelques jours plus tard, remonter au camp 1, ensuite camp 2 (6400m) et redescendre au camp de base à nouveau. Le corps s’habitue ainsi à l’altitude et au manque d’oxygène. On etait alors prêt pour tenter le sommet, mais une tempête de neige nous a cloué au camp de base pendant 6 jours. Après cela des vents violents au sommet (100km/h) nous empechaient de tenter le sommet. On s’est donc fait un petit aller-retour au camp 1 pour passer le temps et se dégourdir les pattes. Cette nuit-là à 5900m, il a fait -18°c : j’etais content d’avoir un bon sac de couchage. Merci Mountain Hardwear ! Ensuite, encore quelques jours au camp de base et nous decidions de faire une tentative pour le sommet. Le 11 juillet, départ à minuit, direct pour le camp 2, une belle grimpe de 9h ! Le reste de la journée se passe dans la tente à se reposer, boire et manger un peu (l’appétit disparait en altitude) et de temps en temps sortir prendre des photos et parler avec les autres grimpeurs. Le soleil couché, la température chute très rapidement (-15°c). Tout le monde se retrouve au chaud dans son sac de couchage. Le lendemain, on se réveille avec 50km/h de vent, 30cm de neige et 8 avalanches dont 2 énormes : il faut redescendre vite, la météo n’est pas favorable. 6h plus tard, nous revoilà au camp de base et l’attente pour une fenêtre météo recommence...

7jours plus tard, une fenetre meteo discutable se profile à l’horizon. Allez nous remontons au camp 1 pour une autre tentative. Ce soir-là, nous apprenons la disparition d’un Espagnol lors d’une tentative au sommet. Vers 22h, nous apercevons une lumiere à 7600m qui nous fait des signaux : c’est l’Espagnol, il est vivant mais dans quel etat ! Ca fait 2jours qu’il est au-dessus de 7600m sans eau, sans nourriture et sans abri. Il se trouve à 20h de grimpe d’où nous sommes. Je suis volontaire pour grimper pour le secourir, mais c’est trop dangereux de monter de nuit. Le chef de mon expedition m’interdit de monter. Ca fait 15 ans qu’il grimpe et il a participé à de nombreux sauvetages en altitude. Il m’a certainement sauvé la vie en m’interdisant de monter car le lendemain matin, 20cm de neige recouvre nos tentes et la visibilité est de 10m. Le mauvais temps durera 2 jours consecutifs. Nous n’avons jamais revu la lumiere... Le coup est dur. Nous redescendons au camp de base. J’appelle ma famille par telephone satellite. Ca me change les idees.

Quelques jours plus tard, l’esprit toujours derangé, je me change les idees en ramassant des dechets : je trouve une bouteille d’oxygene datant de 1962.Elle se trouve au milieu de dechets Coreens (ecriture toujours visible sur les boites de conserves). Ca fait 47ans qu’elle est là !

En revenant au camp de base, le groupe m’attend pour un meeting : nous remontons dans 2 jours pour tenter le sommet. Allez, il faut etre concentré et pret... L’important dans une ascension, c’est de redescendre ! Ma famille me l’a bien fait comprendre. Nous allons tenter le Gasherbrum 1. Les conditions sur le Gasherbrum 2 ne sont pas favorables (danger d’avalanches). Le G1 est plus technique mais moins dangereux en termes d’avalanches. La fenetre meteo annonce « soleil mais vents moderes (40km/h). Ce n’est pas l’ideal, mais qui ne tente rien n’a rien, n’est-ce pas ?

5h du mat : on « décolle » du camp de base avec des sacs bien charges. 4h plus tard, nous arrivons au camp 1. On se repose et s’hydrate pendant 2h et nous continuons notre chemin en direction du camp 2 (6300m). On pense mettre environ 4h pour rejoindre ce camp. Et bien Non ! Nous sommes tous « claqués » avec nos gros sacs, la neige est molle, et la chaleur dans cette « combe » est épuisante. Il nous faudra 7h pour atteindre le camp 2, et 30 minutes de plus pour installer les tentes. On est épuisés ! Mais que la vue est belle. À l’unanimité, nous decidons que demain sera une journée REPOS. Le surlendemain, alors que le reste du groupe redescend vers le camp de base (abandon pour cause de fatigue et de signe de vents forts en altitude), Mickael (un autre grimpeur), deux sherpas (Temba et Pasang Lama) et moi décidons de continuer pour tenter le sommet. Un long couloir de neige et de roche de 800m nous attend pour rejoindre le camp 3 (7100m). Quelle superbe grimpe à part les quelques chutes de glace et de neige déclenchées par les grimpeurs au-dessus de nous. Heureusement que je portais un casque ! On se sent très bien et 6h30 plus tard nous arrivons au camp 3 : WAAAOUUUUUU quelle vue !!! J’ai l’impression d’être un oiseau.

Minuit, nous nous activons pour boire du thé et nous préparer en mode « bonhomme Michelin d’altitude ». 1H30 du mat, nous commençons notre ascension à la lampe frontale. 3h plus tard, La progression est très lente devant nous. le vent se lève, le froid s’intensifie, ma toux ne s’améliore pas du tout, nous sommes au- dessus de 7300m, je décide de redescendre. Mickael fait de même car les risques de gelures deviennent trop élevés. Nous sommes tous les deux contents de notre décision, et les sherpas aussi car ils avaient peur que nous soyons trop obsédés par le sommet pour etre raisonnables. Plus tard, nous apprendrons que d’autres grimpeurs feront demi-tour aussi et d’autres se regrouperont comme des pingouins empereurs pendant 20 min pour se proteger du vent et du froid avant de rebrousser chemin à leur tour.Bref tout le monde est redescendu sauf quelques grimpeurs et une Coréenne qui utilisait de l’oxygene et qui se faisait « tracter » par deux sherpas (sous Oxygéne aussi).

2jours plus tard, nous revoilà au camp de base satisfaits de notre tentative et d’avoir su etre raisonnables et redescendre quand il le fallait. Je suis dans ma tente, j’admire le G1 du bas, il est toujours aussi beau !La Coréenne et ses sherpas passent à coté de ma tente : j’observe leurs sacs : moins d’équipements, pas de bouteilles d’oxygène et pas de sacs de déchets. Ils ont tout laissé là-haut. Je m’y attendais.Les Coréens sont connus pour tout laisser sur la montagne surtout lorsqu’ils sont sponsorises jusqu’au cou comme cette dame. Qu’est ce qui me passe par la tête à l’instant : « Quelle conne. C’est à cause de gens comme elle que les montagnes deviennent des tas d’ordures. Elle devrait être interdite de grimper pendant 10 ans. Ca lui apprendrait les bonnes manières ». Malheureusement, le Pakistan préfère accepter ces grimpeurs peu scrupuleux et leur argent plutot que d’avoir des montagnes propres. C’est dommage. Mais je ne désespère pas, je continue mes efforts et j’ecris ma dissertation sur la gestion des déchets en tres haute montagne en espérant qu’un jour les montagnes seront respectées et que tout le monde redescendra ses dechets ; et bien évidemment ceci s’applique à la nature en général : Notre planète mérite un effort !

Petite anecdote : Un jour en arrivant au camp 1, j’ai eté témoin d’Iraniens en train de jeter leurs déchets dans une crevasse. Comme vous pouvez l’imaginer, je les ai littéralement engueules. Ils n’étaient pas fiers. Ils sont redescendus au camp de base ! Le lendemain, j’ai été chercher les déchets dans la crevasse avec l’aide de Mickael. J’ai redescendu les 15kg de dechets au Camp de base avec l’aide d’un autre grimpeur, et j’ai vidé le sac devant leur tente principale sous leurs yeux en silence. Ils n’ont rien dit du tout ! Ils savaient qu’ils etaient en tort. Je suis reparti vers mon camp de base.


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